Rentable ou pas ? Les orges de printemps semées à l’automne (OPsa) couvrent environ 80 000 hectares. À partir de novembre, une orge de printemps peut donner de meilleurs résultats qu’un blé semé à la même époque. Elle peut aussi atteindre des rendements satisfaisants pour une date de semis plus tardive que celle d’une orge d’hiver, avec une marge plus élevée (de 65 à 150 euros/ha en région Centre). Différents essais ont montré l’intérêt de semis précoces d’orges de printemps en novembre, après des arrachages tardifs de betteraves.

Semis optimal en novembre

Plusieurs essais conduits par la chambre d’agriculture des Hauts-de-France sur la plateforme de Catenoy (Oise) ont testé différentes dates de semis d’orge de printemps entre novembre et mars. En 2020, avec un hiver doux, les meilleurs rendements sont obtenus pour la date de semis du mois de novembre. « La levée devient plus lente et hétérogène dans les mois suivants, de décembre à mars », notent les conseillers de la chambre d’agriculture. Avec l’augmentation du nombre d’hivers doux et de fins d’hiver très pluvieux, les semis d’orge à l’automne pourront être intéressants tant en termes de productivité que de développement. L’orge est une culture très couvrante qui nécessite peu d’intrants. En région Centre, l’intérêt de ce semis apparaît dans les zones séchantes, où le semis avancé en automne permet un gain de rendement potentiel de 15 à 20 % par rapport au semis de printemps, dans les essais Arvalis. Le semis de début novembre apparaît comme le meilleur compromis dans cette zone, avec des densités moyennes de 300 grains/m2. À partir de mi-novembre, les densités de semis gagnent à passer à 350 grains/m2 pour obtenir une densité de pieds/ha suffisante. Des semis de décembre restent possibles, mais là aussi, les conditions d’implantation s’avèrent souvent moins bonnes que le mois précédent.

Des risques associés

Les risques liés au semis d’automne ne sont pas à négliger. À certains stades, l’orge de printemps a une faible tolérance au froid au-delà de -10°C. Après un hiver doux, le stade épi 1 cm peut être atteint en février, ce qui expose la culture au gel d’épi en cas de coup de froid. Statistiquement, le retournement après un gel peut survenir une année sur dix en région Centre et jusqu’à deux années sur dix plus au nord. La prudence consiste à tenter ce semis avancé d’orge de printemps dans des sols non battants, à risque de gel hivernal limité. Autre conseil d’Arvalis : privilégier les variétés ayant une bonne capacité de tallage et résistantes à la rhynchosporiose. L’orge de printemps implantée à l’automne se trouve plus exposée à cette maladie dès la sortie de l’hiver. Il faut retenir que les notes de tolérance aux maladies valables pour le semis de printemps sont diminuées si cette variété est semée en automne. De plus, l’orge de printemps semée en novembre court le risque d’être envahie par des graminées adventices, tout en étant plus sensible à la « phyto » qu’une orge de type hiver. Des herbicides racinaires d’automne sont autorisés mais avec une sélectivité qui n’est pas toujours totale. C’est pourquoi il est conseillé, pour un semis de novembre, de choisir une parcelle relativement propre. Les essais conduits par Arvalis montrent que les désherbages de post-semis-prélevée donnent de bons résultats sur une orge de printemps semée à l’automne. Une application au stade 1-2 feuilles se montre aussi assez efficace, avec un herbicide adapté.

Mesurer le risque de virus

La nuisibilité de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) transmise par les pucerons reste un risque, pour une orge de printemps semée en automne, comme pour l’orge d’hiver. Cependant, les vols de pucerons deviennent plus rares à partir de novembre et les semis plus tardifs limitent la transmission de virus à la culture. On estime que les jeunes plantules de céréales restent sensibles jusqu’à la fin du tallage. L’impact de la JNO sur la culture reste difficile à prévoir. Un automne favorable aux populations de pucerons ne provoque pas forcément de forts dégâts de JNO si le climat de l’hiver défavorise la maladie. À l’inverse, une faible infestation de pucerons peut impacter la culture, si les séquences de climat sont favorables et la parcelle en situation de stress.

L’autre virus en expansion est celui de la mosaïque Y2, apparu au début des années 2000. Ce variant s’ajoute à la mosaïque de type Y1, auquel la plupart des orges d’hiver sont affichées résistantes. Le virus Y2 aurait une nuisibilité moyenne de 20 % du rendement, avec peu d’effet sur le taux de protéines. La résistance variétale demeure la seule arme contre ce virus, transmis par un champignon du sol (Polymyxa graminis). Les variétés d’hiver fourragères 2 rangs Amandine et Valérie sont résistantes à la mosaïque Y2 ainsi que les orges d’hiver 6 rangs KWS Oxygène, Mascott, Sensation, LG Zenika. En revanche, toutes les orges de printemps sont sensibles aux mosaïques Y1 et Y2. Il est donc conseillé d’éviter de les semer sur une parcelle ayant exprimé de la mosaïque par le passé.