Pour exporter plus de 25 millions de tonnes (Mt) de blé et d’orges, la France puisera dans ses stocks. En effet, les prévisions de production de céréales à pailles, publiées par le ministère de l’Agriculture, ont de nouveau été revues à la baisse, pour la troisième fois en trois mois.

L’été dernier, 35,2 Mt de blé et 11,4 Mt d’orges auraient ainsi été produites, soit une baisse de 820 000 tonnes (t) pour le blé et de 340 000 t pour les orges par rapport aux estimations du mois de septembre dernier.

Mais les agriculteurs et les opérateurs tenteront de profiter au mieux de l’excellente conjoncture de prix en vendant autant de céréales que possible. Aussi FranceAgriMer (FAM) n’a pas révisé les perspectives d’exportation de grains de notre pays : 17,75 Mt pour le blé (dont 9,6 Mt hors UE) et 7,4 Mt pour les orges et le malt (3,95 Mt hors UE).

En conséquence, l’Hexagone achèverait la campagne actuelle, au mois de juin 2022, avec des stocks de blé très faibles (2,36 Mt). Ils seraient équivalents à ceux de l’été 2021. Mais les stocks d’orges progresseraient entre-temps de 500 000 t (1,31 Mt). Car à avoir exporté, en 2020-2021, des quantités de grains sans retenue, notre pays s’est retrouvé dans une situation critique, avec des stocks de report trop faibles au mois de juin dernier.

Cette année, l’augmentation de 21 % de la production française de blé repose essentiellement sur les 680 000 hectares de blé emblavés en plus l’an passé par rapport à 2019. Les rendements (71,3 q/ha) ont à peine progressé (+ 3 q/ha sur un an).

À l’inverse, les bonnes performances en orges obtenues cet été (66,2 q/ha ; +14 q/ha sur un an) ont plus que compensé les 250 000 ha semés en moins (- 12,7 %) en 2020.

Les marchés des céréales sont portés par celui du blé. Le 21 octobre dernier, les seuils de 275 €/t et de 280 €/t ont été atteints à Rouen, sur le marché physique, et sur Euronext, le marché à terme.

Du mois de juillet au mois de septembre dernier, 1,9 Mt de blé a été expédiée vers l’Algérie, vers l’Afrique subsaharienne et vers la Chine. Selon FAM, l’Égypte n’exclut pas d’acheter du blé français pour limiter le coût de son acheminement. Les prix du fret renchérissent considérablement les achats de céréales des pays importateurs. A ce jour, la quasi-totalité de l’orge vendue (1,4 Mt) a été expédiée vers la Chine.

Performances commerciales de l’Ukraine

En Russie, comparées à la campagne passée, les quantités de céréales disponibles à l’export sont limitées : 34 Mt de blé (- 4 Mt en un an) et 4,4 Mt pour l’orge (-2,2 Mt). De plus, le pays a de nouveau relevé sa taxe à l’export sur le blé (67 $/t). A contrario, l’Ukraine bénéficie d’une conjoncture des plus favorables en termes de rendements et de prix. Le pays inondera les marchés en exportant jusqu’à 24 Mt de blé sur les 33 Mt que les agriculteurs ont produites. De même, 6 Mt d’orges seront expédiées.
Enfin, le pays compte vendre 31,5 Mt de maïs, soit 8 Mt de plus que la campagne passée. Ces performances commerciales, l’Ukraine les doit aux 38 Mt (+ 8,5 Mt en un an) récoltées sur les 5,4 millions d’hectares de maïs actuellement moissonnés.

En trois mois de campagne, le pays a déjà expédié 9,6 Mt de blé et 4 Mt d’orges selon UkrAgroConsult. Autrement dit, l’Ukraine pourrait être absente au cours de la seconde moitié de la campagne sur le marché de l’orge puisqu’elle a déjà réalisé les trois quarts de ses objectifs à l’export.

L’Ukraine entrevoit l’avenir avec un certain optimisme car le pays ne serait pas trop affecté par le dérèglement du climat de la planète. A contrario, le Kazakhstan en perçoit cette année un avant-goût. Seules 12 Mt de blé et 2,5 Mt d’orges seront produites. Sur le marché de l’orge, le pays serait quasiment absent puisqu’il n’exporterait que 800 000 tonnes.