Face à la flambée du coût des engrais, en particulier de l’azote, comment gérer au mieux les apports sur colza ? Terres Inovia a communiqué ses derniers résultats en novembre. En particulier, les essais mesurent les pertes de rendement liées au sous-dosage par rapport à la dose pivot d’azote indiquée par la réglette colza. Un sous-dosage de 20 à 40 unités a un impact assez minime : il entraîne une perte de 1 à 2 q/ha dans les essais de Terres Inovia. Un sous-dosage de 60 à 80 unités peut réduire le rendement jusqu’à 6 q/ha. Le risque de perte de rendement est alors maximum si la dose totale d’azote apportée au colza est inférieure à 150 unités/ha. Enfin Terres Inovia a aussi mesuré la perte potentielle avec des doses d’azote diminuées de 100 à 120 unités/ha : dans ce cas, la baisse de rendement augmente nettement, dans une fourchette entre – 5 et – 10 q/ha.

Se fier à la réglette colza

Dans le contexte actuel, il est particulièrement conseillé de bien évaluer la dose prévisionnelle d’azote, en tenant compte du facteur plantes. C’est-à-dire qu’il faut mesurer avec précision les biomasses en entrée et sortie d’hiver. Et il faut fixer un objectif de rendement raisonnable. Terres Inovia recommande toujours en 2022 de suivre la dose calculée par la réglette colza, même si elle est faible. Enfin, une petite réduction de dose peut se tenter, en fonction du rapport entre le prix du colza et le prix de l’azote. « Une économie de 20 kg/ha d’azote peut être envisageable sans baisse de performance », signale Luc Champolivier, ingénieur Terres Inovia. Pour maximiser l’efficacité des apports d’azote, le fractionnement reste un bon levier. Rappel utile : un premier apport précoce à dose faible (40-60 unités/ha) en fin d’hiver se montre rentable uniquement sur les petits colzas. Sur les colzas moyens ou très développés, l’apport précoce est inutile, car les plantes ont des réserves suffisantes pour redémarrer leur croissance.

Soufre et phosphate

Les apports de soufre restent indispensables en sol pauvre, sachant que le colza a des besoins élevés de cet élément. En cas de forte carence en soufre, le rendement peut chuter de 10-20 q/ha et les siliques devenir vides. « La fertilisation soufrée est payante 8 années sur 10 », rappelle Luc Champolivier. L’apport systématique de 75 kg/ha de soufre sous forme de sulfate reste la règle, dans les sols lessivés en fin d’hiver. Cette dose peut être abaissée à 50 kg/ha dans un sol régulièrement fertilisé par des engrais organiques.
Concernant le phosphore, la hausse des prix de +50 % depuis deux ans incite à minimiser l’apport, en évitant de pénaliser le rendement. Le colza fait partie des plantes très exigeantes en phosphore, qui a un fort impact sur son enracinement et ses premiers stades de croissance. Cependant, la réponse à la fertilisation phosphatée s’avère différente en fonction des situations. « En situation carencée ou limitantes en phosphore, la dose conseillée est payante et l’impasse est à éviter », souligne Terres Inovia. Suivant l’objectif de rendement, la dose optimale de phosphore se situe entre 80 et 140 unités/ha pour un sol pauvre. Dans un sol bien pourvu, cette dose se situe dans une fourchette inférieure, entre 50 et 100 unités/ha. Lorsqu’un apport de phosphore a été fait dans les deux dernières années, la dose conseillée peut être diminuée d’environ 30 unités/ha, au cas par cas. L’analyse de sol reste le meilleur moyen d’identifier les parcelles à risque de carence en phosphore, potassium et soufre, pour évaluer les besoins du colza.