Belle volatilité sur les marchés du sucre ces dernières semaines : le sucre brut terminait le mois de novembre au-dessus de 20 cts/lb, avant de plonger sous les 19 cts/lb début décembre, pour, à nouveau, frôler les 20 cts/lb sur la dernière semaine ! Pourtant, aucune information tangible affectant les fondamentaux n’est à retenir sur la période, pas même relative au climat… Alors, d’où viennent donc ces yoyos ?

Des spéculateurs ! Acheteurs-nets de plus de 8 Mt de sucre en début de campagne, ils ont largement vendu pour se retrouver acheteurs-nets de moins de 5 Mt à la mi-décembre. Cette évolution, en cette fin d’année comptable, n’est pas rare. Cela dit, le plus fort est peut-être derrière nous : la dernière poussée à la hausse des cours, à la mi-décembre, trouve certainement son appui dans un regain d’intérêt pour le sucre de la part de ces acteurs, ce que l’on ne pourra vérifier qu’à la parution de leurs positions à la fin du mois.

Des soubresauts, l’éthanol européen en a également connu. Les échéances de février sont passées de presque 95 €/hl à la mi-novembre à moins de 80 €/hl à la mi-décembre, avant de se reprendre sur la dernière quinzaine. Pour le coup, les spéculateurs n’y sont pour rien, et le blâme revient, une fois de plus, au Covid-19. L’apparition du nouveau variant a fait craindre de nouvelles restrictions de circulation. Elles n’ont finalement pas duré, et l’éthanol a retrouvé son niveau passé. En une semaine, le spot dépassait à nouveau les 100 €/hl, et même les échéances de la fin d’été dépassent à présent les 80 €/hl !

La houle, liée aux incertitudes du Covid, n’est peut-être pas près de se calmer. Elle montre en tout cas que le sucre garde le cap, porté par des fondamentaux puissants : le stock à fin 2022 devrait être, au niveau mondial, le plus faible depuis 10 ans. Et c’est le cas en Europe également où le manque de sucre fait grimper les prix. La première valeur pour la campagne en cours (2021-2022) a été dévoilée par la Commission européenne, et, à 411 €/t pour la région qui inclut la France, la progression, par rapport à l’an passée à la même époque, est de 10 %. Aucune commune mesure avec la progression du marché mondial sur la période (+ 43 % en euro !), mais un bel espoir de reprise quand même. Et, enfin, on passe au-dessus du prix de référence communautaire (404 €/t) : signe que la crise est, peut-être enfin, derrière nous.