Planète

La coopérative Cérèsia (Marne) a été retenue, dans le cadre de l’appel à projet « bon diagnostic carbone » de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), pour accompagner 30 exploitations qui bénéficieront de la prise en charge à 90 % de leur diagnostic carbone. L’objectif est d’être prêt pour proposer des solutions d’accompagnement à ses agriculteurs. Même si le sujet reste complexe, le diagnostic carbone permet de faire un point concret de situation de l’exploitation sur son impact en termes de gaz à effet de serre (GES) et de quantité de carbone stockée dans le sol.

À Livry-Louvercy, Vincent et Julien Bournaison exploitent 700 ha (blé, orge, colza, carotte, betterave, pomme de terre). Ils ont utilisé l’outil Carbon Extract pour réaliser leur bilan carbone. Deux techniciens de Cérèsia les ont accompagnés. « Nous sommes en train de chiffrer le plan d’action pour réduire nos émissions de CO2 », explique Vincent Bournaison pour qui la démarche a du sens même si le retour sur investissement n’est pas atteint avec le prix actuel du CO2. Carbon Extract a permis aux frères Bournaison de calculer le montant des crédits carbone générés par la baisse de leurs émissions de GES et la séquestration du carbone. En agissant sur la baisse de consommation de carburant, le passage à une fertilisation solide, l’association de cultures, le développement de couverts, la rotation, la plantation de haies… Crédits qui pourront être vendus sur le marché volontaire. Cérèsia devrait regrouper le volume de carbone disponible auprès de ses adhérents et négocier avec les acheteurs.

Évaluer le coût de la transition

L’Earl Bournaison relâche 1 300 t de CO2 par an, 85 % des émissions de (GES) sont liées à la fertilisation des cultures (azote liquide) et 15 % à la consommation de carburant. Deux simulations ont été faites avec Carbon Extract. La première arrive à une baisse de 20 % d’émissions de GES, la deuxième affiche -50 %, un chiffre qui est au-delà de l’objectif national. Mais cette transition a un coût, chiffré à 150 000 euros par les exploitants. La vente de crédit carbone au prix actuel ne couvrirait pas cet investissement. Aujourd’hui, ils peuvent en espérer 100 000 euros. Pour les deux frères, « sans accompagnement économique, ça n’est pas viable ». Julien Bournaison estime que « le prix actuel du carbone à 30 euros la tonne n’est pas assez rémunérateur, il devrait être au double à 60 €/t ». L’association de plusieurs financements (subvention publique, clients…) pourrait permettre d’aller au bout du projet.