« Nous ne serions pas là si nous n’avions pas engagé notre programme de décarbonation », a déclaré Éric Masset, président de La Coopération Agricole – Luzerne de France, lors d’une conférence de presse, le 18 janvier dernier. Après une année 2020 désastreuse, la filière luzerne relève la tête et envisage un avenir prometteur porté par la nouvelle politique agricole commune (PAC) et l’aboutissement de son plan de réduction des énergies fossiles, engagé depuis plusieurs années, notamment avec la mise en place du préfanage à plat et de l’utilisation de la biomasse dans les fours, en remplacement du charbon.

La filière de la luzerne déshydratée s’est engagée, dans le cadre de son plan stratégique « Luzerne 2026 » à réduire de deux tiers ses émissions unitaires de CO2 par rapport à 2012, a rappelé Yann Martinet, directeur de La Coopération Agricole — Luzerne de France. Les 24 unités de déshydratation ont émis 140 000 tonnes nettes de CO2 en 2020, contre 700 000 tonnes en 2005. Et, en 2025, la filière table sur 60 000 à 80 000 tonnes de CO2 d’origine fossile. Les déshydrateurs auront donc réussi à diviser par dix leurs émissions. « En 2005, nous émettions 0,760 tonne de CO2 pour produire une tonne de luzerne déshydratée. Nous étions à 0,2 t en 2020 et nous serons à 0,078 tonne en 2025, sur la base des engagements contractuels pris par les coopératives, dans le cadre du plan de relance », poursuit Yann Martinet.

Bon pour les écorégimes

Le président Eric Masset estime par ailleurs que la PAC 2023-2027 devrait conforter le dynamisme de la luzerne déshydratée. En premier lieu, l’aide couplée est reconduite. « C’est le choix du gouvernement français, et on peut penser qu’il y aura quelques milliers d’hectares supplémentaires », prévoit le président de La Coopération Agricole – Luzerne de France. Par ailleurs, cultiver de la luzerne apportera 2 points dans la comptabilisation des écorégimes, ce qui permettra de toucher une aide à l’hectare de 82 €/ha sur toute l’exploitation, en atteignant le niveau 2 !

Enfin, dans le cadre de l’élargissement des programmes opérationnels, jusqu’à 34 M€ d’aides seront disponibles pour des investissements collectifs dans le cadre des coopératives, qui pourront se faire reconnaître comme organisations de producteurs (OP).

Côté prix, dans un contexte tendu sur l’ensemble des matières premières et avec un niveau de stocks au plus bas, le directeur général de Désialis, Pierre Bégoc, annonce que « la tendance haussière semble solide ».