« Avec 77 % des plastiques usagés et emballages agricoles vides collectés, 90 % recyclés, contre 28 % d’emballages plastiques recyclés dans la filière des emballages ménagers ! Il n’y a pas photos, les agriculteurs français sont exemplaires ! », se félicite Christophe Grison, président d’Adivalor. Alors, oui, justement, il y a photos ! Pour fêter les 20 ans de la filière, Adivalor a installé, du 26 février au 6 mars sur le Salon de l’agriculture, une série de cubes à hauteur d’homme, dévoilant les photos de ceux et celles qui agissent au quotidien : agriculteurs, distributeurs agricoles, entreprises de recyclage et fabricants. Les 31 portraits de femmes et d’hommes réalisés par Didier Michalet, se déclinent dans un livre autour des trois actions piliers de cette filière : trier, collecter, fabriquer ! « Avec cette exposition nous souhaitons aussi montrer au public les enseignements de ces deux dernières années, complète Pierre De Lépinau, directeur général d’Adivalor. Cela n’a pas été simple, surtout en usine. Toute la chaine a fonctionné, pour nous, c’est une vraie fierté ! »

Ainsi, 89 000 tonnes de plastiques ont été collectées en 2021, soit 4 000 t de plus qu’en 2020. Les 22 types de déchets sont valorisés en sacs poubelles, mobilier urbain, cagettes plastiques, gaines techniques… La filière évite 72 000 tonnes de CO2, correspondant à l’émission de 32 000 véhicules sur un an. Une autre source de fierté !

Atteindre 100 % de collecte et de recyclage en 2030

Comment se projette la filière dans les dix prochaines années ? « Il y a encore une marge de progrès, nous souhaitons atteindre les 100 % de collecte en 2030 et parvenir à un taux de recyclage de 100 % », ajoute Christophe Grison. Comment ? Côté collecte, en activant deux leviers. Le premier s’appuie sur l’information et la formation. Les grosses marges de progrès se portent sur les ficelles, les filets, les emballages papiers comme ceux des sacs de semences. « Les big-bags, c’est naturel mais les sacs en papier un peu moins », partage Christophe Grison. Géographiquement des améliorations sont aussi possibles. Les bassins de production de la betterave sucrière font partie de ceux qui obtiennent de bons résultats de collecte.

L’attestation de collecte, valorisée dans les éco-régimes ?

Le deuxième levier pour accélérer la collecte pourrait être politique. « Dans le cadre de la PAC 2023, l’idée serait de lier une partie des aides de l’éco-régime de la future PAC aux bonnes pratiques de recyclage », ajoute Pierre de Lépinau. La proposition française intègre la possibilité de valoriser l’attestation de collecte que remet le distributeur agricole à l’agriculteur. Elle se ferait via le levier Ecophyto 2+ de la voie « Certifications » proposée dans le dispositif des éco-régimes.

Quant à la filière de recyclage, pour monter encore plus en puissance, elle doit disposer de tous les savoir-faire. Suite à des appels à projet lancés en 2018 et 2019, l’ouverture de quatre unités de recyclage supplémentaires est programmée d’ici à 2023. « La consolidation des filières industrielles de recyclage en France et en Europe est un enjeu crucial pour les années à venir, interpelle Pierre de Lépinau. La relocalisation d‘unités industrielles en France contribuera à sécuriser nos débouchés et à réduire les externalités négatives liées au transport. » L’usine de RecyOuest devrait démarrer en juin à Argentan dans l’Orne. « C’est une première usine au monde capable de recycler les filets agricoles », complète-t-il. Enfin, l’incitation à une meilleure éco-conception des produits pour qu’ils soient plus facilement recyclables ainsi que celle à accroitre le taux de plastiques agricoles recyclés via la mise en place d’une éco-modulation en 2023, renforcent cette stratégie d’économie circulaire.

Née en 2001, 20 ans après, la filière de collecte et de recyclage pilotée par l’éco-organisme Adivalor rassemble plus de 300 000 agriculteurs, 1 300 opérateurs de collecte et plus de 350 metteurs en marché !