« Consacrer le numérique au centre du monde agricole et répondre aux enjeux majeurs sur la propriété des data, ainsi que leur déploiement ! » En annonçant l’agenda de la French AgriTech à horizon 2030, le 28 février sur le stand de La Ferme Digitale au salon de l’Agriculture, Julien Denormandie met en lumière tout le rôle que doit tenir cet écosystème dans le déploiement de solutions innovantes au service de la souveraineté alimentaire et de la troisième révolution agricole. Bénéficiant des financements de France 2030 (2,3 Mds€), de ceux du plan formation (2,5 Md€), cet agenda s’appuie sur une trentaine d’actions, dont deux piliers : le programme French Tech Agri20 et la feuille de route « Agriculture et Numérique ». Celle-ci se décline en sept axes prioritaires. Ainsi, elle accorde une plus grande place au numérique dans l’enseignement et le conseil agricole. La recherche agricole doit plus mobiliser l’utilisation du numérique avec une sécurisation des données renforcée. Le dispositif prévoit en plus l’accompagnement dans l’innovation et l’industrialisation, l’aide dans la levée des freins réglementaires, la création de valeur dans la chaine alimentaire, le soutien à la construction d’outils nécessaires aux agriculteurs.
Quant au programme French Tech Agri20, dédié aux start-up, il est piloté par la mission French Tech. Ce dispositif de soutien des services de l’État, doit bénéficier chaque année à vingt entreprises « proposant des innovations de rupture ». Tous les modèles économique, numérique, industriel ou sur le vivant seront pris en compte dans l’appel à candidature. Un comité French AgriTech sera constitué pour enrichir l’agenda et réaliser ces ambitions.
Renforcer les liens public-privé pour expérimenter
Ce train de mesures fait écho au rapport récemment remis au ministre sur l’état des lieux et des besoins du secteur. Piloté par La Ferme Digitale depuis septembre 2021, ce travail collectif a ressemblé toutes les parties-prenantes.
Dans ces recommandations, le rapport souligne, au-delà du volet financier, le besoin de transfert de technologie du public vers le privé, la mise en place d’un cadre législatif pour favoriser l’innovation. « Une technologie mise au point en sept ans doit accéder au plus vite au marché », a insisté Jérôme Le Roy, président de La Ferme Digitale. Jérémie Wainstain, directeur de The Green Data a d’ailleurs insisté sur le volet « expérimentation », interpellant les Chambres d’agriculture et les instituts techniques sur la nécessaire création « d’un cadre de travail qui correspondent à celui des start-up ». Pour Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture, le dispositif est engagé, « cela prend du temps. Nous avons la plateforme de consentement AgdataHub pour travailler sur le sujet d’échanges des données (…) Et derrière, je prends l’engagement de trouver un interlocuteur, un peu disruptif pour vous emmener dans le réseau ». De son côté Philippe Mauguin, président-directeur général de l’Inrae propose d’intégrer les start-up dans le flux financier des grands programmes de recherche au nouveau mondial. Il a aussi rappelé l’accord de recherche passé avec l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), présenté dans un livre blanc, afin qu’il n’y ait plus de frontière entre les sciences de la vie et le numérique pour accélérer la transition agroécologique.
Exportons la French AgriTech !
En qualité de présidente du Copa (qui regroupe les organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne), Christiane Lambert, a insisté sur le besoin de consentement dans la gestion des data « aucun pays n’a mis en place ce que nous avons fait avec Data-Agri. Il faut échanger en toute confiance et évoluer vers la standardisation des données ! Son crédo : « le flux plus que la possession des données ».