Sur l’orge d’hiver, le nombre moyen de passages fongicides en 2021 se situe autour de 1,6. Cela signifie qu’un seul passage a suffi sur les variétés les plus tolérantes aux maladies et dans les parcelles à faible pression. Il est vrai que le contexte était peu favorable à l’essor des maladies, lors de ces deux dernières campagnes. Par conséquent, le budget fongicide moyen n’a pas augmenté pour l’orge. Pourtant, il diffère en fonction de la variété. Selon Arvalis, « la dépense peut aller jusqu’à 75 €/ha pour une variété brassicole sensible aux maladies type KWS Faro ou autour de 50 €/ha pour une variété fourragère plus tolérante aux maladies, comme LG Zebra. Intermédiaires vis-à-vis des maladies, les orges Pixel (brassicole) et KWS Jaguar (fourragère) vont demander une dépense fongicide d’environ 65 €/ha », note Jérôme Thibierge, spécialiste Arvalis.

L’OAD Xarvio optimise la protection

Réduire la note fongicide et mieux positionner les traitements s’avère possible avec un outil d’aide à la décision. « Sur orge d’hiver, l’impasse du premier traitement a été possible dans 77 % des situations par les utilisateurs de Xarvio Fild Manager (BASF). Les essais démontrent que la réduction de l’IFT a été de – 25 % par rapport aux pratiques habituelles, et le gain de rendement de + 3 q/ha en 2021 », estime David Malavergne, responsable agronomique Xarvio pour BASF. Ce résultat est obtenu au fil d’un printemps chaotique, alternant des périodes sèches et humides. Le suivi des stades, bien que compliqué en 2021, a été assez bien réussi à l’aide de Xarvio, qui est éligible aux Certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP). La connexion entre Xarvio Field Manager et d’autres systèmes digitaux se développe et l’interopérabilité avec les stations météo a été étendue à Sencrop et Metos cette année. Le boîtier Xarvio Connect, lancé début 2021, permet de simplifier le transfert des données de l’application vers les terminaux des matériels : semoir, pulvérisateur, épandeur d’engrais, moissonneuse-batteuse.

Surveiller la rhynchosporiose

Quelle protection viser en priorité sur l’orge ? Dans les régions nord, la maladie dominante reste la rhynchosporiose. Elle se manifeste le plus souvent assez tôt en début de printemps. Très souvent, c’est le comportement des variétés face à la rhynchosporiose qui oriente le programme de traitement. Sur la liste des variétés les plus sensibles figurent Etincel ainsi que les escourgeons Rafaela, Hirondella, LG Zebra. Pixel, Visuel, LG Caïman, et KWS Cassia qui se montrent moyennement résistantes. Les variétés brassicoles récentes, Mascott et Dementiel, semblent moins sensibles. Le seuil de traitement est défini selon le niveau de résistance de la variété. Sur les variétés sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes et plus de 5 jours avec des pluies supérieures à 1 mm depuis le stade « 1 nœud ». Sur les variétés moyennement et peu sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes et plus de 7 jours avec des pluies supérieures à 1 mm depuis le stade « 1 nœud ». En pratique, il est plus simple de comptabiliser ensemble les feuilles atteintes de rhynchosporiose et d’helminthosporiose dès le stade « 1 nœud ». Si la somme des feuilles atteintes par l’une ou l’autre des maladies dépasse 10 ou 25 %, selon la sensibilité variétale, le seuil est atteint. Plusieurs fongicides du groupe SDHI donnent de très bons résultats sur rhynchosporiose : Amplitude, Aviator Xpro, Joao, Kadix, Revystar XL…

L’helminthosporiose de plus en plus résistante

Les attaques de l’autre maladie à redouter, l’helminthosporiose, sont souvent plus tardives. La rouille naine peut être aussi présente dans les régions les plus à l’Ouest et de montée parfois difficile à contrôler. En fin de cycle, à la faveur des pluies de mai et juin, des symptômes de ramulariose et des grillures ont été observés l’an dernier dans plusieurs régions.
La situation des populations d’helminthosporiose vis-à-vis de la résistance aux SDHI a fortement évolué depuis 5 ans. La proportion des souches résistantes atteint 80 % en moyenne. Le recours à un fongicide SDHI + triazole en T2 dans un nombre important de situations ne semble plus aussi favorable. « En 2021, la faible pression de maladie ne permet pas d’infléchir nos recommandations, car dans les situations où la résistance est la plus fortement implantée, l’efficacité des SDHI + triazole est affectée significativement. Elle repose principalement sur le seul triazole présent dans cette association. Dans un contexte dominé par l’helminthosporiose, il est préférable d’ajouter une strobilurine au triazole. Autre solution : utiliser le mélange triple (triazole + SDHI + strobilurine), mais uniquement sur les variétés sensibles à l’helminthosporiose sur lesquelles la maladie peut s’avérer difficile à contrôler ». En pratique, Arvalis conseille de diversifier les modes d’action et les molécules, en appliquant une seule strobilurine par hectare et par an, et aussi une seule fois par saison du fongicide SDHI. S’agissant des triazoles, alterner si possible les molécules dans le programme de l’année.