Afin d’informer les planteurs des solutions testées dans leur région, l’ITB propose une carte numérique composée d’un repère géographique pour chaque ferme. Les repères donnent accès aux détails des essais menés dans la ferme, tels que le levier testé sur la ferme et ses modalités, le déroulement de la campagne (semis, levées, populations de pucerons, etc), quelques photographies du terrain et les enseignements principaux sur l’essai en fin de campagne.

Une présentation de chaque levier est accessible depuis ces pages afin d’en savoir plus et de comprendre les mécanismes en jeu.

Associer des plantes compagnes aux betteraves

Plusieurs espèces de plantes compagnes sont testées :

– Des graminées : avoine rude, orge de printemps

– Des légumineuses : féverole de printemps, vesce velue, fenugrec

Le mode d’action des plantes compagnes vis-à-vis des pucerons n’a pas été clairement identifié, mais plusieurs hypothèses sont envisagées. Il pourrait s’agir de mécanismes olfactifs par l’émission de substance odorante répulsive pour les pucerons. La modification visuelle de la culture hôte (couleur, forme, superficie) de certaines plantes compagnes pourrait également perturber le puceron dans la recherche de son hôte. D’autres espèces de plantes compagnes, les légumineuses notamment, pourraient favoriser les insectes auxiliaires dans la parcelle en leur fournissant des proies alternatives et un habitat plus complexe et diversifié que la culture seule.

Évaluer l’efficacité de plusieurs produits de biocontrôle

Trois types de produits sont évalués :

– Des produits de biocontrôle répulsifs ayant pour objectif de prévenir l’arrivée des pucerons verts ailés sur les parcelles de betterave. Ces produits peuvent être des substances odorantes répulsives pour les pucerons ou des substances minérales perturbant la reconnaissance de la betterave par les pucerons. Ils sont utilisables en pulvérisation.

– Des produits de biocontrôle aphicides ayant pour objectif de diminuer les populations de pucerons verts dans la parcelle. Ces produits ont un mode d’action curatif. Ils sont composés de substances naturelles ou de micro-organismes et sont utilisables en pulvérisation.

– Des produits de biocontrôle à base de kairomones qui ciblent les pucerons vecteurs de jaunisse et les auxiliaires. Distribués par des diffuseurs, ils ont pour double objectif d’attirer les auxiliaires et de perturber les pucerons. Ces auxiliaires, insectes se nourrissant de pucerons verts ou les parasitant, peuvent participer à leur régulation.

Implanter des bandes fleuries pour favoriser les insectes auxiliaires

La présence d’une bande fleurie en bordure des parcelles de betteraves favoriserait les insectes prédateurs et parasitoïdes de pucerons en leur fournissant des ressources alimentaires (pollen, nectar, proies) et un habitat refuge en absence de la culture. Les espèces floristiques à semer doivent être choisies en fonction des auxiliaires ciblés, et de la succession végétale pour favoriser l’implantation de la bande fleurie. Sur les FPE, des mélanges commerciaux sont implantés majoritairement à l’automne et fleurissent au printemps. Ils sont composés de nombreuses espèces annuelles et pérennes avec un nectar et/ou un pollen facilement accessible(s), permettant la survie et la reproduction des auxiliaires.

Si les bandes fleuries sont connues pour favoriser les insectes auxiliaires, l’impact des auxiliaires sur les populations de pucerons est encore difficile à mettre en évidence. Comme les pucerons, les auxiliaires dépendent des conditions climatiques et des ressources disponibles pour coloniser les parcelles, si bien qu’ils arrivent souvent après l’installation des pucerons. Les bandes fleuries sont justement conçues pour les attirer plus tôt dans la saison, et leur permettre d’agir lorsque les populations de pucerons sont encore soutenables.

Utiliser des variétés tolérantes ou résistantes aux virus de jaunisse

La jaunisse de la betterave étant causée par 4 virus, présents seuls ou co-infectant les betteraves, les premières variétés attendues pour la fin du PNRI seront probablement tolérantes ou partiellement résistantes à la jaunisse. Le levier variétal sera un des moyens pour lutter contre la jaunisse de la betterave. Il devra, au moins dans un premier temps, être combiné avec d’autres leviers qui baisseront la pression en pucerons dans la parcelle cultivée.

Dans les FPE, les variétés seront, par exemple, combinées avec l’utilisation de plantes compagnes, l’implantation de bandes fleuries en bordure de parcelle, en encore l’utilisation de solutions de biocontrôle (produits de biocontrôle, macro-oganismes ou médiateurs chimiques) pour faire diminuer la pression puceron et parvenir à un contrôle efficace de la jaunisse. L’utilisation de mélanges variétaux pour limiter la dispersion de la jaunisse au sein des parcelles est également évaluée en lien avec le projet EGOVAR. Les mélanges seront comparés aux variétés seules afin de mesurer le gain obtenu par rapport à l’utilisation de mono-variétés.

Introduire des auxiliaires dans les parcelles

Les insectes auxiliaires étudiés dans les FPE sont des prédateurs (Chrysopes) ou des parasites (Aphidius) du puceron vert Myzus persicae. Trois espèces d’auxiliaires sont lâchées dans les parcelles des FPE, seules ou en combinaisons :

– Deux espèces de chrysopes : Chrysoperla carnea et Chrysoperla lucasina. Leurs larves sont des prédateurs très voraces de pucerons. Au cours de sa croissance, une larve de chrysope peut consommer plusieurs centaines de pucerons.

– Une espèce d’Aphidius, Aphidius colemani. Cet hyménoptère est un parasitoïde, il se développe aux dépens du puceron qu’il tue lors de son développement. Les pucerons parasités se transforment en momies dorées desquelles émergeront des Aphidius adultes au bout de deux semaines environ.

Ces espèces sont naturellement présentes en culture, mais leur arrivée au champ est décalée de plusieurs semaines après l’arrivée des pucerons. C’est pourquoi, dans le dispositif des FPE, des lâchers programmés avant l’arrivée spontanée des auxiliaires sont prévus, permettant ainsi de prévenir le développement des pucerons avec une population de prédateurs et de parasites déjà installée en parcelle.