Les protéines végétales ne sont plus des coproduits de céréales ou d’oléo-protéagineux, issues de l’extraction de l’amidon ou de l’huile, mais des produits à part entière. Elles sont appelées à être des ingrédients incontournables pour nourrir les deux milliards d’habitants supplémentaires qui peupleront la planète d’ici 2050. Or, dix kilogrammes de protéines d’origine végétale sont nécessaires pour produire un kilo de viande bovine et 3kg pour un kilo de volaille. Autant dire qu’il faudrait une seconde terre pour élever les animaux nécessaires afin de caler le régime alimentaire des 2 milliards d’individus supplémentaires sur celui des Occidentaux.

L’ensemble des grands industriels de la transformation des céréales et des oléo-protéagineux a compris l’enjeu que représente la valorisation des protéines végétales pour l’alimentation humaine. Le 12 mai dernier à Paris, certains de leurs représentants l’ont confirmé lors d’une table ronde organisée par l’Association française des journalistes agricoles (Afja) sur l’avenir des alternatives végétales aux protéines animales.

« La coopérative Tereos, qui extrait depuis longtemps des protéines du blé pour l’alimentation animale, s’intéresse désormais à l’alimentation humaine », a rapporté Anne Wagner, directrice de la recherche et du développement. Mais elle investit le marché des Etats-Unis, actuellement plus réceptif aux produits exclusivement végétaux.

« Le groupe Avril, le leader français de la filière oléagineuse vient aussi de construire une nouvelle usine d’extraction de protéines de colza à Dieppe en Seine-Maritime pour l’alimentation humaine », a déclaré pour sa part Paul-Jean Derian, directeur du développement durable et de l’innovation du groupe. Son partenaire financier, Sofiprotéol, soutient les entreprises qui investissent dans les protéines végétales en prenant des parts de participation, notamment dans différentes entreprises.

Sourcing des protéines

Non OGM, le soja cultivé en France est la matière première historique pour fabriquer des produits alimentaires destinés à l’alimentation humaine. Ses protéines entrent dans la composition d’une vaste gamme de produits. Mais coûteux à l’achat, leur consommation recule. Les Français émettent aussi des doutes sur l’origine et la nature du soja employé pour les fabriquer depuis que sa culture est associée au Brésil, et à la déforestation des forêts tropicales. Or, il s’agit de soja OGM et, lorsqu’il est importé en France, il est réservé à l’alimentation animale.

A contrario, les consommateurs n’ont pas de doute à avoir sur le « sourcing » des protéines issues de colza ou de céréales employées pour fabriquer les produits alimentaires destinés à l’alimentation humaine. « Par ailleurs, les bio-raffineries sont localisées à moins de 200 km des exploitations où sont collectés les céréales et les oléo-protéagneux », a expliqué Anne Wagner. Leurs activités économiques contribuent à créer de l’emploi local.