Xavier Astolfi, a été nommé directeur général de Cristal Union, le 14 janvier dernier. Il a succédé à ce poste à Alain Commissaire, pour poursuivre le développement du groupe.

Comment va Cristal Union ?

Les résultats de l’année 2021-2022 montrent la solidité et la force du modèle que nous avons mis en œuvre depuis quelques années. Cela se traduit par des résultats financiers encore en amélioration avec un chiffre d’affaires en hausse à 1,8 milliard d’euros, un Ebitda consolidé à 206 M€ et un résultat net à 97 M€, contre 69 M€ l’année dernière. Ce sont de bons résultats malgré des éléments défavorables pour cet exercice : des re-semis suite au gel et un sinistre occasionné par la fourniture d’un désherbant non conforme par la société Adama. Cristal Union a perdu 75 000 tonnes de sucre dans cette affaire.

Comment gérez-vous la hausse des cours de l’énergie ?

Nous avons adapté notre modèle de commercialisation. L’idée principale étant de préserver nos marges, donc pour chaque vente de sucre, nous arbitrons les éléments variables constituant nos coûts de production, qui étaient stables auparavant : le gaz, l’électricité et les crédits CO2. Nous arrivons ainsi à fixer les marges malgré la volatilité des marchés.

Profitez-vous pleinement de la hausse des cours du sucre ?

Une grande partie de nos ventes sont réalisées sur un cycle annuel, mais il y a toujours des clients qui ont besoin de sucre à cette période de l’année et nous profitons de la hausse des cours, pour ces petites quantités. Pour les nouveaux contrats, nous avons pour politique de répercuter les hausses des coûts. Cependant, la commercialisation est plutôt en retard cette année compte tenu du contexte haussier. Ceci dit, ce sont des niveaux de prix que les clients ont déjà connus dans les années 2010-2012 !

Quelle est l’ambiance dans les AG de section ?

Les coopérateurs ont confiance dans les annonces de Cristal Union. Nous avions annoncé des objectifs de prix que nous avons largement dépassés avec une rémunération de betteraves pour 2021-2022 qui va s’élever à 29,37 €/t, donc au-dessus de l’objectif des 28 €. Pour 2022-2023, nous avions annoncé un objectif de 30 € et le président Olivier de Bohan vient d’annoncer un objectif de 35 €/t pour ces betteraves 2022, et de 40 €/t pour 2023. C’est la trajectoire dans laquelle nous nous inscrivons.

Quelle est votre stratégie industrielle ?

Notre objectif est la décarbonation et l’autonomie énergétique de nos sites. Nous sommes aujourd’hui à l’étape de décarbonation. L’autonomie énergétique passera par la méthanisation ou le brûlage des pulpes dans les chaudières.

Que pensez-vous du projet de construction d’une très grande sucrerie à Rouen ?

Le modèle économique ne tient pas. C’est un projet qui nécessiterait entre 50 000 et 65 000 hectares de betteraves dans la région, des surfaces qui approvisionnent déjà des sucreries existantes. On parle d’exportation de sucre avec des prix de betteraves élevés. Mais ce modèle ne peut tenir qu’avec des subventions. Cette sucrerie tuerait tous les acteurs locaux, ferait le vide autour d’elle et pourrait ensuite baisser les prix des betteraves : c’est vraiment un super projet pour la filière !