Le retour à la vie d’avant, ça sera pour une autre fois ! Les responsables du Syndicat national des industriels de l’agro-équipement (Axema) ont tenu un discours réaliste lors de la présentation, le 13 juin à Paris, de l’édition 2022 de leur rapport économique. À mi-parcours de l’année en cours, Frédéric Martin, président de l’organisation syndicale, a souligné le facteur « paralysant » des crises traversées depuis deux ans – Covid 19, conflit russo-ukrainien, problématiques d’approvisionnement. 2021 a été une année « atypique entre un marché porté par une demande vigoureuse et des usines fonctionnant par à-coups », a surenchéri Jean-François Régnier, président de la commission économique. « L’inquiétude n’a pas porté sur le remplissage du carnet de commandes, mais sur la capacité à livrer à temps dans les standards de qualité habituels ». Une « dérive » des délais de livraison des matériels s’est installée, passant de deux à quatre et cinq mois en moyenne, voire presque huit mois pour les tracteurs. En outre, les entreprises ont dû affronter le problème de l’ « acceptabilité » par le client de prix plus élevés des machines et celui de la disponibilité des matières premières industrielles et des produits semi-finis. A partir du 24 février, date de l’invasion russe de l’Ukraine, les cours des matières premières ont continué d’exploser, à l’instar de l’acier (+ 80 %). Il n’en demeure pas moins qu’en 2021 la production française d’agro-équipements – troisième producteur européen derrière l’Allemagne et l’Italie – s’est accrue de 15 % à 5,4 milliards de €, un niveau sans précédent alimenté par le plan de relance sur la modernisation des agro-équipements et des prix agricoles favorables. Les deux-tiers de la production ont été exportés pour une valeur de 4,1 milliards de €, en augmentation de 28 % par rapport à 2020. Tandis que dans le même temps la France a importé 5,7 milliards de € d’équipements, les trois-quarts en provenance de l’Union européenne. Concernant le marché, somme de la production et des importations moins les exportations, il s’est établi à 7,1 milliards de € (plus 16 %) par rapport à 2020. Toutes les familles de produits ont enregistré une croissance, à l’exception des chargeurs télescopiques et des ensileuses. Les immatriculations de tracteurs ont progressé de 2,7 %, avec des hausses significatives dans la catégorie des moyennes et fortes puissances (plus 15 % pour le segment des plus de 350 ch ; plus 10 % pour les plus de 250 ch).