Parlons d’abord des monnaies. Le décrochage face au dollar est violent : le Réal a perdu 7 % au mois de juin et frôle désormais les 5,4 BRL/US$, proche du plus bas niveau de son l’histoire.

Regardons ensuite le pétrole. Le baril de Brent était au-dessus de 120 $ à la mi-juin, le voilà désormais proche des 100 $, entraînant avec lui l’éthanol domestique brésilien, qui a perdu 8 % sur le dernier mois.

Enfin, un œil sur la position des spéculateurs. Fin mai, les opérateurs non-commerciaux étaient nets-acheteurs de plus de 4 Mt de sucre. Un mois après, leur position est à l’équilibre, ce qui ne s’était jamais vu depuis deux ans. Les analystes divergent : est-ce un mouvement temporaire, lié à des mesures comptables (en lien avec la date de fin juin), et vont-ils revenir vers le sucre compte-tenu des fondamentaux robustes de ce marché ? D’autres estiment au contraire que les craintes liées à l’inflation, l’énergie et les monnaies risquent de prendre le dessus…

Malgré de telles turbulences, il est remarquable de constater que le sucre brut résiste bien. Il n’a dévissé que de 4 % en juin, et récupère déjà en restant au-dessus de 500 $/t jusqu’aux échéances de mai 2023. Cette résistance est en lien avec les fondamentaux du marché : la campagne brésilienne est bien décevante avec une baisse de 4,5 % de la teneur en sucre de la canne, et une allocation toujours record vers l’éthanol qui reste plus rémunérateur.

Et comme l’euro souffre comme jamais, la valeur du sucre, libellée en euro, reste robuste : proche des 520 €/t sur l’échéance de décembre prochain ! Car l’euro subit une dégringolade historique. On arrive à la parité avec le dollar, ce qui ne s’était pas vu depuis 20 ans…

Sur le marché européen, la Commission européenne vient de rendre publics les prix de vente de sucre livré en mai dernier sur la zone incluant la France, à 438 €/t. Mais bien malheureux l’utilisateur qui n’avait pas couvert ses achats de sucre… Le prix du spot dépasserait en effet désormais les 900 €/t, et la Commission européenne a d’ailleurs annoncé que des intervenants avaient importés, en juin, du sucre sous quota CXL – c’est-à-dire en payant un droit de douane de 98 €/t !

La situation n’est pas prête de se calmer, puisque le premier bilan communautaire, que vient de dévoiler la DG Agri, montre une nouvelle contraction des stocks en fin de campagne. On finirait septembre 2023 autour de 1,6 Mt de sucre, contre 1,9 Mt estimé pour septembre 2022…