Coup de chaud sur les cours et la récolte de colza 2022, dans tous les sens du terme. La canicule et la sécheresse vont sans doute diminuer un peu le volume de production en France et en Europe, et les prix de la graine de colza repartent à la hausse. Le 13 juillet, les marchés physiques Fob Moselle et rendu Rouen affichent 676 €/t, alors qu’ils étaient tombés très momentanément à 660 €/t fin juin, tout en restant très loin des 1035 €/t de la récolte 2021 pour les dernières transactions de mai, et même des cours de la récolte actuelle qui a démarré à plus de 800 €/t.

Le même phénomène s’observe pour la graine de tournesol, qui repasse le seuil des 800 €/t. Elle valait plus de 1000 € la tonne il y a un mois, mais avait glissé à 680 €/t il y a une semaine. La volatilité des cours est toujours de mise, mais ils restent cependant toujours extrêmement élevés, notamment en raison de la pénurie chronique provoquée par la guerre en Ukraine.

Au niveau de prix actuel et tel que les contrats à terme le montrent pour le futur, la production de colza et de tournesol sera encore plus rentable pour la campagne 2022 que pour la récolte 2021. Les volumes de production vont y contribuer, même s’ils devraient s’avérer un peu moins importants qu’attendu. Agreste prévoit ainsi un rendement à l’hectare pour le colza de 3,26 t/ha, contre 3,35 t/ha l’an dernier, largement compensé par une sole en hausse de plus de 20 % à 1,35 Mha, ce qui donnerait une production de 3,9 Mt. Idem pour le tournesol qui, avec le chiffre record de surface semée de 800 000 ha – on voit les champs de soleil y compris dans des zones inhabituelles -, permettra de produire 2,8 Mt si le rendement de 3 t/ha est au rendez-vous.

Les vents restent donc très favorables aux producteurs. Sur le marché mondial, les cours du soja, jusqu’alors totalement déconnectés des cours des oléagineux sur le marché européen, commencent eux aussi à grimper, à près de 660 $/t contre moins de 610 $/t depuis un semestre. La faute à la sécheresse qui sévit aux États-Unis, et entrave le développement des cultures. Même situation au Canada, où le ministère de l’Agriculture a annoncé une baisse de la surface de 5 % à 8,6 Mha et un rendement en baisse à cause de la sécheresse. Le même problème de climat se pose aussi désormais en Australie, qui a connu une récolte record l’an dernier. La production mondiale reste donc sous tension alors que la demande ne cesse de s’accroître.