« Notre force, c’est la proximité », déclare Max Largnier, responsable du département agronomique de l’usine Vico située à Montigny-Lengrain dans l’Aisne. L’entreprise mise sur la collaboration, la compréhension et la souplesse. Mauvaise récolte, problème de santé, impossibilité de déstocker à un moment donné : le producteur de chips trouve toujours une solution pour concilier le besoin de l’agriculteur et son propre besoin en pomme de terre. Cet état d’esprit est précieux et ne se retrouve pas dans toutes les entreprises de transformation, explique Max Largnier. Jean-Michel Peiffer, agriculteur et président du groupement de producteurs confirme : « les agriculteurs sont fiers de travailler pour Vico ».

Une usine et un groupement de producteurs

Les producteurs de l’usine sont réunis au sein d’un groupement duquel proviennent 85 % des pommes de terre transformées. Les 15 % restants sont achetés auprès de négociants. Ce système permet de pallier le manque de pommes de terre pendant les périodes de gros travaux dans les champs (plantation, moisson). Une petite partie des tonnages provient des Landes. Le caractère plus précoce de cette région permet d’assurer la jointure entre les deux campagnes, en juin et en juillet. La fixation des prix se négocie entre Vico et le bureau du groupement de producteurs. Àu montant de base se rajoutent des primes de précocité, des primes de stockage, des primes de chargement durant le week-end et un bonus/malus lié à la qualité (taux de matière sèche, calibre, choc, maladie, taux de pomme de terre verte, taux de cailloux, tare terre). Un différentiel de prix est appliqué entre les variétés afin que chacune ait la même rentabilité économique, quel que soit son rendement de référence.

Les exigences du process industriel

Le service agronomique dirigé par Max Largnier a la responsabilité d’assurer l’approvisionnement de l’usine. Pour cela, il suit les cultures et accompagne les producteurs afin que la production soit constante d’une année à l’autre et que la rentabilité soit au rendez-vous. Il intervient dans le choix variétal et la fertilisation, mais laisse l’accompagnement phytosanitaire aux organismes de prescription locaux et aux distributeurs. Le choix de la variété, qui sera imposé à l’agriculteur, est une étape cruciale. La pomme de terre doit convenir au besoin du process industriel, aux différents types de sol et aux différentes durées de conservation. Trois variétés totalisent 80 % des emblavements : Opal, Heracléa et Lady Claire. Le taux d’acrylamide est aussi pris en compte. La taille des pommes de terre est un paramètre important. Trop petites, les chips ne sont pas appréciées du consommateur. Trop grandes, elles ne rentrent pas aisément dans les sachets. Les tubercules doivent donc faire entre 30 et 85 cm. Les producteurs ont le droit d’avoir d’autres contrats de production avec d’autres industriels mais Vico leur demande l’exclusivité variétale.

95% des pommes de terre sont irriguées. « L’irrigation est indispensable pour sécuriser la récolte et assurer l’approvisionnement de l’usine. Sans cela, on ne pourrait pas faire tourner notre outil de production », affirme catégoriquement Max Largnier. « À l’avenir, si les agriculteurs se voient retirer la possibilité d’irriguer, la production de chips risque d’être délocalisée dans d’autres pays », prévient-il. En effet, il est très important pour l’usine que le rendement et la production soient constants d’une année à l’autre. « Cette année, l’irrigation a permis de sauver la production », se rassure Max Largnier. Pour optimiser les apports d’eau, les agriculteurs sont encouragés à utiliser des sondes tensiométriques et des systèmes de barre-butte. Par ailleurs, la résistance à la sécheresse est de plus en plus prise en compte dans le choix de la variété.

Stockage et choc surveillés de près

L’arrachage est une étape cruciale et délicate : la fabrication de chips exige des tubercules exempts de coup et de choc. C’est le principal problème de qualité. « Les pommes de terre ne doivent jamais effectuer de chute de plus de 30 à 40 cm », explique Max Largnier.

Du 14 juillet à fin octobre, l’usine est approvisionnée par des pommes de terre collectées en bout de champ. Mais le reste de l’année, les pommes de terre sont stockées chez les producteurs. La qualité du stockage est suivie avec beaucoup d’attention car elle est capitale pour assurer l’approvisionnement, surtout en fin de campagne. Tous les bâtiments de stockage sont évalués afin de déterminer quel producteur déstockera en premier et quel producteur gardera ses pommes de terre jusqu’en fin de saison. Pendant la période de stockage, l’équipe de Max Largnier visite chaque bâtiment tous les 15 jours ou tous les mois, selon la date de déstockage. Elle fait des prélèvements qu’elle analyse pour s’assurer de la bonne évolution des pommes de terre.

Bien que l’entreprise ne rencontre pas de difficulté à s’approvisionner, elle ressent quand même la concurrence sur les surfaces avec le marché de la frite en expansion. Le colza et le tournesol peuvent aussi exercer une certaine compétition dans les parcelles qui ont reçu trop de pommes de terre.