Le projet JDistas, piloté par Arvalis, et dont l’ITB est l’un des partenaires auprès d’AgroTransfert, de l’Inrae, Unilasalle, et des chambres d’agriculture de l’Aisne et de l’Oise, vise à chiffrer des nombres de jours disponibles pour différents chantiers culturaux, en intégrant le risque de tassement comme l’un des critères de « disponibilité » (= conditions remplies pour effectuer un travail correct). Dans ce projet, des acquisitions de données doivent valider les paramétrages des calculs. Une expérimentation était conduite à Berny-en-Santerre en novembre 2019, dans une situation volontairement défavorable pour produire des tassements par les passages de machines, décrire leur propagation dans les horizons du sol, et en chiffrer les conséquences sur la culture de blé suivante.

Cette expérimentation illustre bien ce qui peut se produire en récolte en situation à risque, avec un effet favorable des pneumatiques larges sur les horizons superficiels, mais qui n’empêchent pas un effet de tassement plus en profondeur si la charge est élevée. À noter qu’il n’était pas diagnostiqué de compactage vraiment profond, les horizons concernés par le tassement restant accessibles à des outils de travail profond.

La mise en situation était réalisée avec une machine intégrale Grimme Rexor 6200 (2 essieux), dont le poids mesuré à pleine charge était de 51 t (28 t portées par l’essieu arrière) et 42 t à mi-charge (22 t sur l’essieu arrière). Elle travaillait roue dans roue dans une parcelle de limon moyen. L’humidité du sol était proche de la capacité au champ, entre 22 et 23 % pondérale, donc d’un état plastique sensible, de façon uniforme sur la profondeur, quoiqu’un peu plus humide entre 20 et 30 cm (25 %).

Les profils de sol réalisés après passages sont décrits dans les figures 1, 2, et 3. Les observateurs diagnostiquaient très peu d’effet de tassement après passage à ½ charge, mais apparent avec le passage à pleine charge dans l’horizon plus humide (20-35 cm). On sait que les tassements en profondeur sont dus à la charge de l’essieu, et que les dimensions des pneumatiques limitent surtout les tassements superficiels.

Conséquences mesurées sur le blé suivant :

Même si les céréales ne font pas partie des cultures a priori sensibles aux compactages de sol, par leur type d’enracinement fasciculé, des mesures ont été réalisées en 2020 par AgroTransfert en complément de l’expérimentation (et valorisées dans le projet régional SolD’phy). Les prélèvements sur des placettes positionnées sur passages de roues à pleine et demi-charge montrent un effet sur le rendement du blé (figure 4). Ces chiffres sont cependant à contextualiser. L’expérimentation était volontairement conduite en conditions de sol défavorables. Le roulage trémie pleine ne présente qu’une faible proportion de la surface de la parcelle. Enfin, les conditions sèches en 2020 ont pu extérioriser particulièrement l’effet des tassements. Ces conditions peuvent expliquer l’effet des tassements à demi-charge, considérés comme modérés lors de l’observation post-récolte.