C’est à nouveau la guerre en Ukraine qui fait l’actualité des oléagineux des dernières semaines. Les Russes, qui avaient dénoncé l’accord sur l’exportation de céréales ukrainiennes, dont des graines de colza et de tournesol, ont dû revenir dans l’accord au bout de quatre jours, tant les risques pour les propres exportations russes de céréales étaient potentiellement insoutenables. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’accord entre Russes et Ukrainiens est à nouveau sur la table, mais les craintes que ce « grain corridor » ne soit pas renouvelé sont écartées par les marchés.

Du coup, les cours de la graine de colza glissent désormais vers un plancher à 600 €/t, et ceux de la graine de tournesol ont franchi à la baisse le seuil des 700 €/t. Tout concourt à cette révision des prix, depuis la remontée de la valeur de l’euro face au dollar, la baisse des produits pétroliers, sans oublier les crises que traverse la Chine, notamment avec la lutte contre la Covid. Sur Euronext, les contrats à terme se sont calés sur les cours du colza Fob Moselle, à 614 €/t le 16 novembre, un cours qui vaut pour l’instant jusqu’à l’échéance du mois d’août 2023.

Les producteurs de colza et de tournesol européens peuvent aussi compter sur des usines de trituration qui tournent à plein et continuent de réaliser de belles marges avec le biodiesel, les huiles et les tourteaux destinés à l’alimentation animale. La fédération d’entreprises de trituration européenne, Fediol, fait état de plus de 27 Mt triturées depuis le début de l’année, pour une capacité de 33 Mt. Le rythme des importations, notamment de canola, ne trompe pas sur les besoins des outils industriels. La Commission européenne note ainsi que les importations s’établissent à 2,5 Mt depuis le début de la campagne, contre 1,8 Mt l’an dernier.

Du côté du soja, les cours se sont raffermis au cours des dernières semaines, à 535 $ contre une moyenne légèrement supérieure à 500 $/t au cours des derniers mois. Le marché coté à Chicago constate de gros achats du Mexique, qui compense l’absence d’importations américaines de la Chine. Le marché du soja est également affecté par des grèves de routiers au Brésil, ce qui bloque les exportations, et des craintes sur la récolte en Argentine. La tendance est donc haussière. Même si les marchés américains et européens apparaissent très souvent décorrélés, la hausse des cours du soja peut aussi favoriser le soutien des autres oléagineux.