La politique chinoise du « Zéro Covid » fera-t-elle vaciller la reprise économique chinoise ? Alors que certains commentateurs comparent les manifestations en Chine à celles de la place Tian’anmen en 1989, l’incertitude règne sur l’ampleur des évènements et leur aboutissement. Or, les marchés n’aiment pas l’incertitude : le pétrole plonge et le baril de Brent frôle les 80 $/baril, du jamais vu depuis le début de la guerre en Ukraine. La chute est de presque 20 % en quinze jours !

Et qui dit pétrole en baisse dit éthanol en baisse, y compris au Brésil. Certes, nous sommes encore à quatre mois de l’ouverture de la prochaine campagne, et la politique fiscale du pays en faveur des carburants peut encore évoluer, alors que Lula vient d’être élu, mais ne sera investi président que le 1er janvier prochain. Si la tendance se maintient, le pays pourrait réduire sa production d’éthanol au profit du sucre. D’ailleurs, l’USDA vient de revoir à la hausse sa prévision de surplus mondial pour la campagne en cours 2022-2023 à 6,8 Mt.

Dès lors, le sucre roux flanche : alors qu’il dépassait les 20 cts à la mi-novembre, il se rapproche désormais des 19 cts/lb. La baisse est contenue par les spéculateurs, qui constatent l’état actuel des stocks et anticipent une pénurie relative sur le court terme. Ils sont en effet nets acheteurs de plus de 6 Mt, ce qui ne s’était pas vu depuis avril dernier, et cette position peut désormais être vue comme un facteur de risque.

Le marché européen, déficitaire alors que les coûts d’importation et de raffinage restent très élevés, reste insensible. Le marché du spot semble avoir atteint un plateau depuis l’entrée en campagne, toujours au-dessus de 1 000 €/t. Le prix des livraisons effectives est toujours une inconnue, en attente de la parution des derniers chiffres de la Commission européenne. La hausse par rapport au prix de septembre dernier (494 €/t) devrait être conséquente, et pourrait n’être qu’une étape : Niels Poerksen, directeur de Südzucker, a confirmé à Reuters, le 22 novembre dernier, que la hausse des prix du sucre allait se poursuivre l’an prochain, face au prix de l’énergie et au besoin de rémunérer davantage la betterave…