Pour l’instant, l’évolution brutale de la crise sanitaire n’y change rien : les cours des oléagineux, tant ceux du soja que du colza, restent très soutenus. Le soja à Chicago continue de jouer avec la barre des 400 $, à peine freiné par des stocks qui augmentent au Brésil et en Argentine, mais qui baissent au niveau mondial, en grande partie en raison des achats de la Chine, qui a importé la bagatelle de 10 Mt en septembre. En Europe, le colza reste accroché dans son couloir des 390 à 400 €, la demande en trituration pour les tourteaux et l’huile restant importante alors que l’offre demeure très réduite, et malgré un débouché biodiesel très compliqué par la réduction des déplacements.

Le 27 octobre, le Fob Moselle affichait ainsi 392 €, le rendu Rouen, 391 €, le marché à terme sur Euronext s’inscrivant à 391 € pour l’échéance de novembre et à 396 € pour celle de février. Toutefois, le marché est un peu alourdi par les cours du canola canadien, coté à 350 € la tonne (418 dollars canadiens) avec un euro à la hausse, ce qui favorise des importations en Europe.

Mais c’est surtout vers la Chine et les États-Unis que les regards se tournent, en raison de l’élection présidentielle outre-Atlantique. Face à un public d’éleveurs et de producteurs américains, Donald Trump a vanté son action efficace dans la guerre commerciale avec Pékin. Les ventes de soja, lors la campagne en cours qui est récoltée à 75 %, devraient doubler par rapport à 2017, l’année de référence retenue lors de l’accord signé en janvier dernier entre le président américain et son homologue chinois.

Et c’est vrai que la Chine est revenue à l’achat. Selon l’USDA, elle a importé, rien que sur le mois de septembre, 1,17 Mt de soja des États-Unis, et plus d’1,5 Mt sur la seule première semaine d’octobre ! Selon les analystes, il s’agirait de nourrir un cheptel porcin reconstitué à 85 % après la pandémie de peste porcine.

En France aussi, les achats chinois ont un effet. Un dirigeant du groupe Avril indiquait récemment que la chute des ventes de biodiesel avait été en partie compensée par des ventes d’huile de colza sur le marché chinois, à l’occasion de la reconstitution de stocks. Un débouché bienvenu alors qu’il doit disposer de tourteaux de colza pour fournir l’alimentation animale dont les éleveurs ont besoin. Et ils en ont besoin notamment pour pourvoir en porcs et en bœufs le marché… chinois !