La betterave n’étant pas considérée comme assez valorisante, l’irrigation est réservée à des plantes à haute valeur ajoutée, comme les cultures industrielles (oignons…). Avant 2010, le retour sur investissement se faisait une année sur 10, constate Jean-Charles Germain, adjoint régional ITB Aisne. Mais depuis 2018, l’irrigation a permis de maintenir le potentiel 3 années sur 5 ! La betterave qui jusqu’alors n’était pas incluse dans les programmes de création de réseau, pourrait l’être, surtout avec des niveaux de prix plus élevés.

Depuis 10 ans, l’eau est un facteur limitant pour la production betteravière, poursuit le technicien. La productivité ne progresse plus, mais diminue. Avec un impact du manque d’eau plus important dans le sud du département. La pluie ne couvre plus l’’évapotranspiration potentielle (ETP). En 2022, la pluviométrie n’a couvert que 35 % de l’ETP. Et le rendement de l’Aisne atteint à peine 75 t/ha.

En 2022, la pluviométrie n’a couvert que 35 % de l’ETP

Ce problème risque de s’aggraver avec les déficits de pluie. Les besoins en eau de la betterave sont beaucoup plus précoces. Dans un bilan hydrique de 2022, au premier juin, 50 % de la réserve de survie était déjà consommée. Et trois passages d’irrigation n’ont jamais comblé ce déficit. Cette année, le poids des betteraves n’a progressé qu’à partir d’octobre, regrette Jean-Charles Germain.

Jusqu’à maintenant, les irrigants axonnais irriguaient leurs betteraves après les récoltes des cultures industrielles de type oignons. La betterave est plutôt arrosée qu’irriguée. L’irrigation s’effectue en fonction des contraintes des disponibilités de matériel et de la ressource, résume le technicien. « Il faut privilégier une irrigation régulière plutôt qu’un arrosage momentané », plaide-t-il. En effet, rien ne sert d’arroser une parcelle où la betterave va refaire des feuilles si, ensuite, la sécheresse impacte la survie de ces dernières. Mieux vaut réaliser un vrai programme d’irrigation, quitte à ne le faire que sur une partie de parcelle.

En estimant le coût de l’irrigation entre 2 à 3 €/mm (estimation Expandis), une irrigation de 100 mm reviendrait entre 200 à 300 €/ha. En 2021, ce coût était valorisé à partir d’un gain de rendement de 10 tonnes de betterave par hectare. En 2022, 5 à 6 t de plus suffisent. Pour 2023, les coûts de l’irrigation, très variables selon les exploitations, vont augmenter.

Le manque d’eau change la donne, insiste Jean-Charles Germain. Et de citer une exploitation qui a irrigué 70 ha de betteraves en 2020, avec comme résultat un rendement de 92 t/ha, contre 58 t en moyenne dans l’Aisne.

L’irrigation des betteraves reste autorisée dans l’Aisne, comme dans la Marne et dans l’Aube. En revanche, elle est interdite dans les Ardennes. Une carte est peut-être à jouer, soutient le délégué. En cas d’irrigation, il préconise d’utiliser Irribet, d’intégrer la betterave dans la construction du réseau et d’irriguer le plus tôt possible en saison. « Par contre, irriguer après le 15 août est inutile », conclut-il.