La décision de la Cour de Justice de l’Union européenne interdisant l’utilisation de néonicotinoïdes en enrobage de semences de betteraves, publiée de 19 janvier dernier, a constitué un véritable coup de massue pour la filière betterave-sucre, en France bien sûr, mais aussi chez nos voisins européens.
Elle constitue un choc, provoque une grande incompréhension et suscite la colère. Particulièrement en France, où le dispositif de dérogation mis en place depuis 2021 appliquait très strictement le principe de précaution et apportait donc toutes les garanties de l’innocuité du traitement de nos semences vis-à-vis des pollinisateurs. Ce d’autant plus que nos betteraves ne produisent ni fleur, ni pollen comme nous le martelons depuis des années !
C’était sans compter sur cette décision brutale, rendue dans le cadre d’un recours d’associations écologistes contre une dérogation de même nature, accordée par l’Etat belge en 2018. Or, cette décision s’applique à tous les États membres de l’UE sans délai et sans recours possible !
Il en résulte que, dans la dernière ligne droite, le gouvernement français a renoncé à reconduire la dérogation pour les semis de betterave 2023. Et que notre filière se retrouve mise en danger, comme en 2020, malgré le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) car ce dernier n’a pas encore apporté de solutions alternatives efficaces pouvant être déployées à grande échelle.
À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle : la CGB et l’ensemble de la filière se sont mobilisés pour que des réponses concrètes soient apportées très rapidement. Il est en effet nécessaire de donner le maximum de visibilité aux planteurs à quelques semaines des semis. Or, en l’absence de véritables solutions techniques pour 2023, l’unique option est l’engagement par l’État de compenser financièrement les pertes qui seraient dues à la jaunisse, sans franchise, ni plafonnement, tant pour les planteurs que pour les industriels.
Au-delà, la palette des molécules utilisables pour lutter contre les pucerons doit être complétée et les programmes de recherche prometteurs, dont ceux portant sur des variétés résistantes, doivent être amplifiés.
Parallèlement, la France doit exiger que cette décision s’applique uniformément à tous les pays européens d’une part et que, d’autre part, soient instaurées des clauses empêchant l’importation, en provenance de pays tiers, de sucre et d’éthanol issus de cultures traitées avec des produits interdits en Europe. Nous ne devons plus accepter ces règles du jeu à géométrie variable !
Toutes ces dimensions figurent dans le plan d’accompagnement annoncé par le ministre de l’Agriculture le 24 janvier. Il faut à présent les traduire en mesures concrètes.
C’est pourquoi j’appelle solennellement les planteurs à ne pas prendre de décisions trop hâtives quant à leurs surfaces de betterave pour 2023. Nous sommes pleinement mobilisés pour que le contenu du plan d’accompagnement apporte toutes ces garanties, sous quelques jours.
Et j’appelle les betteraviers à se mobiliser et à venir manifester à Paris début février aux côtés des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA Grand Bassin Parisien pour appeler à sauvegarder notre filière et nos moyens de production agricoles au service de notre souveraineté alimentaire et énergétique.
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