La hausse du prix des intrants incite à rechercher les meilleures stratégies de désherbage. Un traitement de pré-levée coûte entre 37 et 68 €/ha. Selon le type de flore adventice, un traitement de post-levée peut aller de 12 à 65 €/ha et un binage coûte en moyenne 27 €/ha. « Le désherbage mixte du maïs, combinant interventions mécaniques et applications herbicides, tire son épingle du jeu d’un point de vue économique. Mais les temps de travaux augmentent en moyenne d’une heure par hectare pour un seul binage classique, deux passages étant justifiés pour une efficacité satisfaisante », relèvent les ingénieurs du réseau maïs d’Arvalis.

Des conditions strictes en mécanique

Le désherbage mécanique en plein (herse étrille, roto-étrille, houe rotative), fonctionne bien dans des conditions précises : les adventices doivent être très jeunes, au stade « filament ». Et l’intervention doit précéder 3 ou 4 jours sans pluie. Un semis profond et régulier du maïs à 4-5 cm lui permet de bien supporter ces passages d’outils. Dès le stade 2 feuilles du maïs, il est possible d’utiliser ces outils si l’état du sol le permet. C’est-à-dire que la surface ne doit pas être ni trop motteuse, ni battue, et pouvant s’émietter facilement.

Le binage est un autre moyen de désherber le maïs, à partir du stade 4 feuilles (ou 2 feuilles avec un protège-plants). Il peut se combiner à un désherbage chimique de pré-levée localisé sur le rang. Les résultats les plus réguliers sont alors obtenus avec un binage réalisé après l’application de l’herbicide. Si besoin, on peut ensuite réintervenir avec un rattrapage chimique en post-levée. Selon Arvalis, « cette stratégie mixte associant un passage chimique en localisé suivi de deux rattrapages a un coût un peu plus élevé que celui d’une stratégie de référence pré + post chimique. Mais elle permet de réduire sensiblement les quantités de produits herbicides utilisées ».

Le post-précoce apporte une alternative

En désherbage tout-chimique, la réussite dépend beaucoup des conditions de sol et de météo, surtout pour les herbicides de pré-levée. Si le sol est humide, ces produits fonctionnent bien. Dans le sec, ils deviennent moins efficaces. Dans le cas de conditions peu humides au semis, l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) conseille de positionner les herbicides de pré-levée dans les 24 heures suivant le semis pour bénéficier de l’humidité résiduelle. Une autre option consiste à reporter l’application en post-levée précoce, au stade 1-3 feuilles du maïs. Plusieurs produits peuvent être utilisés à ce stade : associations d’antigraminées à base de Dual Gold Safeneur ou Isard avec une tricétone (Callisto, Laudis WG) ou une sulfonylurée. L’herbicide Adengo Xtra/Caprenoa (thiencarbazone) peut également être utilisé en association en post-levée précoce. Selon Arvalis, cette stratégie a l’avantage d’être moins sensible aux conditions climatiques que la pré-levée seule. Lorsque des conditions sèches persistent après ce premier passage d’herbicide, un rattrapage en post-levée classique s’avère souvent indispensable.

Solutions restreintes sur ravageurs au semis

La protection des jeunes semis de maïs face aux ravageurs du sol est de plus en plus limitée. Face aux taupins, le choix se restreint à deux solutions : la cyperméthrine (Belem, Daxol) et la lambda-cyhalothrine (Karaté,Trika Lambda, Ercole). Ces insecticides microgranulés doivent s’appliquer avec des diffuseurs proposés par les fournisseurs, pour obtenir une bonne efficacité. Face à la géomyse, autre ravageur du sol plus localisé, une dérogation a été délivrée en 2023 pour le produit Lumiposa. Cette autorisation concerne uniquement les régions où le ravageur est présent ( Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire ) et seulement pour la période du 1er mars au 29 juin 2023.

Contre les dégâts de corbeaux, le seul produit répulsif reste le Korit 420FS à base de zirame. Selon l’AGPM, près de 20% des surfaces ont été protégées en 2022.« Le produit Korit 420FS présente un niveau de protection très intéressant même si son efficacité demeure insuffisante en situation de très fortes attaques de corvidés » selon Arvalis. Le Korit est classé toxique par inhalation, donc les gants, le masque et l’équipement de protection sont nécessaires, en particulier lors de l’ouverture des sacs, du chargement des trémies et de la phase de nettoyage. Pour protéger les oiseaux et les mammifères sauvages, le produit doit être entièrement incorporé dans le sol, en particulier en bout de sillon. L’exposition des jeunes maïs aux attaques de corvidés peut aussi être minimisée par des pratiques agronomiques : faire des semis groupés, assez profonds (4-5 cm), éviter de préparer le sol en conditions très sèches et rappuyer correctement la ligne de semis. Toutefois, si ces mesures servent à ralentir les dégâts, elles ne les empêchent pas totalement. Malheureusement, en cas d’attaque sur les semis, signaler les dommages ne donne pas droit à une indemnisation. Mais le recensement des dégâts dus aux oiseaux est pris en compte pour leur classement sur la liste des espèces nuisibles. Dans ce but, des formulaires sont mis à disposition par les organismes départementaux ( CA, FDSEA).