La filière du plant de pomme de terre français s’inquiète de la hausse du coût de production. Selon Bernard Quéré, directeur de la fédération nationale des producteurs de plants de pommes de terre (FNP3PT), il s’élevait à 9 500 €/ha en 2018, puis à 12 000 €/ha en 2020, et les premières projections annoncent un chiffre de 14 000 €/ha pour 2023 si rien n’est fait.

Cette évolution est principalement due au coût de l’énergie, et particulièrement de l’électricité, dont la production de plants, à l’instar de celle d’endive, est très dépendante. En effet, la récolte doit être stockée dans des frigos maintenus entre 2°C et 4°C de la récolte au départ ferme. Mis à part quelques cas exceptionnels, la puissance électrique alimentant ces installations est supérieure à 36 KVA, et se trouve donc hors du bouclier tarifaire. Le poste de charge « électricité » a donc augmenté de 280 % par rapport à 2018, et sa contribution au coût de production est passée de 7 % en 2020 à 12 % en 2022.

Alors que la dernière campagne a vu ses surfaces baisser de 3 %, un fait inédit depuis 20 ans, Bernard Quéré s’inquiète des baisses des surfaces plantées en 2023, qu’il estime au moins à 10 %.

« Certes, certains collecteurs de plants commencent progressivement à revoir leurs tarifs à la hausse pour la récolte 2022, explique-t-il, mais ce n’est pas instantané ». En effet, les contrats sont discutés à l’automne précédant la plantation, et le paiement s’effectue au mois de juin suivant la récolte, soit un an et demi plus tard. Donc, pour la campagne 2022, les contrats ont été fixés avant le début de la guerre en Ukraine, mais l’électricité a été consommée après la hausse des cours.

L’énergie n’est pas le seul poste concerné. Comme pour les autres cultures, l’engrais et le matériel ont subi de fortes augmentations, alors que la production de pommes de terre, et particulièrement celle de plants, nécessite un équipement important.

La production de plants est une activité stratégique dans la production de pommes de terre en général, puisque la qualité sanitaire des tubercules implantés est un facteur clé de la réussite de la culture. Un des atouts de la France est de produire une large majorité de son besoin en plants (400 000 tonnes) de façon certifiée, c’est-à-dire avec une qualité garantie. Il y a donc un enjeu en terme de souveraineté alimentaire. Par ses récentes prises de paroles, la filière du plant souhaite alerter l’ensemble de celle de la pomme de terre et demande au gouvernement une application du bouclier tarifaire au-delà de la limite des 36 KVA.