Avec plus de 20 000 hectares de lin en multiplication, la France se place comme le premier producteur européen de semences. Le catalogue montre aussi le dynamisme de la création variétale, qui décline 39 variétés de lin textile et 18 variétés de lin oléagineux. Les producteurs de lin peuvent aussi s’appuyer sur des semences de lin high tech, ayant un taux de germination de plus de 95%, alors que les normes officielles sont à 92%. Les semences certifiées high tech se caractérisent aussi par une absence quasi totale de maladies diffusées par la graine (alternaria, fusarium, colletrichum, boemeri). Ce taux de germination élevé et la maîtrise sanitaire contribuent à assurer une levée et une récolte homogène. Les semences de lin high tech représentaient en 2022 près de 100 % des ventes, en Normandie, dans les Hauts-de-France et en Île-de-France. Une journée technique « production de semences de lin » a réuni des multiplicateurs et des techniciens d’établissements producteurs de semences, le 26 janvier, à Bapaume. Elle a permis de comparer les modes de récolte des multiplicateurs, avec des méthodes précises de fauchage-andainage, de stripage, d’écapsulage… Un savoir-faire acquis au fil des années. En particulier, les écapsuleuses-batteuses assurent la récupération des graines de lin dans les andains au sol. Cette opération permet d’optimiser la récolte des semences sans pénaliser la fibre.

Autre avancée technique en place : les semences de lin peuvent être traitées par désinfection avec de la vapeur d’eau. La coopérative Terre de lin, qui fournit 40% des semences de lin en France, a été pionnière dans l’application de ce procédé physique : la technologie ThermoSem. Les semences passent dans un tunnel rempli de vapeur d’eau puis sont refroidies et séchées dans un deuxième tunnel. Le procédé apporte une grande efficacité fongique contre les différents pathogènes présents naturellement sur les semences et un effet sur la vigueur germinative au champ. Le traitement avec Integral pro, produit de biocontrôle, est aussi pratiqué ainsi que l’enrobage des semences avec du zinc, pour éviter les carences.

Sur le plan variétal, le catalogue du lin textile s’est bien étoffé en quelques années. En 2022, face au risque de maladie, principalement l’oïdium, 7 variétés sont classées moyennement ou assez tolérantes à ce parasite. En 2022, la nuisibilité moyenne de l’oïdium était évaluée à 3,4 q/ha de lin teillé par Arvalis. L’institut a aussi mesuré dans ses essais l’effet de la tolérance à l’oïdium sur le rendement : dans deux sites, la tolérance a permis un gain de 3 à 4 q/ha de lin teillé. « Le choix d’une variété tolérante à l’oïdium et productive permet plus facilement une impasse fongicide au T1 et limite le risque global de maladie. En 2022, ces variétés ont été moins attaquées en début de cycle que les variétés sensibles », estime Benoît Normand, ingénieur chez Arvalis. Toutefois, en 2022, les meilleurs rendements en lin teillé ont été obtenus avec des variétés classées sensibles mais ayant un potentiel élevé : WPB Iris, suivie par WPB Celeste, WPB Eloise, Vivea, Delta Ramona. Face à l’oïdium, la protection 100% biocontrôle à base de soufre apporte une alternative aux produits de synthèse. En effet, le soufre se montre très efficace pour cette maladie et semble avoir un intérêt sur septoriose. Plusieurs associations de soufre et de biostimulants sont aussi en cours de test.