« Le statut quo en protection des cultures n’est pas une option ! » Lors de la conférence de presse de Phyteis, qui s’est tenue le 23 février à Paris, Bruno Baranne, président de cette association, a insisté sur la nécessité d’enrichir rapidement la boîte à outils dont disposent les agriculteurs pour répondre à un triple défi qui se renforce au niveau mondial : la souveraineté alimentaire, la réduction de l’empreinte environnementale et la lutte contre le changement climatique. « Le prérequis pour réussir cette transformation agricole est d’améliorer la performance économique des exploitations », a-t-il souligné. Vient ensuite le respect du temps nécessaire à la recherche dans la planification des politiques publiques pour créer une vague d’innovations. Il rappelle que, si la baisse des usages de produits phytopharmaceutiques se confirme, cette évolution s’accompagne d’une pression accrue sur le portefeuille de produits : 50 % des usages sont désormais mal pourvus, dont 25 % n’ont qu’une seule solution. Au-delà de la filière betteravière directement concernée, ce sont même 38 % des usages qui sont dans une impasse technique. Pour Phyteis, outre l’absence d’interdiction sans solutions alternatives, le cadre réglementaire doit être adapté pour favoriser la diversité des innovations et être stable. Parmi les pistes figurant notamment dans le futur règlement européen SUR : évaluer les produits en lien avec les agroéquipements qui réduisent le risque et accroissent la précision d’application.

14 M€ dans le numérique et les biosolutions investis à horizon 2030

Dans ce contexte de transition agroécologique, l’approche combinatoire de la protection des cultures associant les biosolutions, l’agronomie digitale, les biotechnologies et la phytopharmacie s’affirme. « En France, 275 M€ ont été investis en 2022 par les adhérents de Phyteis dans un écosystème d’innovations », a partagé Emmanuelle Pabolleta, directrice générale de Phyteis. À horizon 2030, en Europe, 4 Mds€ auront été consacrés à la recherche de biosolutions et 10 Mds€ au numérique.

Les entreprises adhérentes de Phyteis progressent sur le marché du biocontrôle. En 2022, leur chiffre d’affaires consolidé (125 M€) représente la moitié du marché du biocontrôle français. Quant aux biostimulants homologués, ils ont atteint 41 M€ sur un marché total en France de 70 M€. Les ventes de solutions d’agronomie digitale correspondent à 1,8 M€. Au total, le chiffre d’affaires des adhérents de Phyteis en 2022 s’établit à 2,5 Mds d’€ en France contre 1,9 Mds d’€ en 2021, soit une hausse de 30 %. L’inflation et la tension sur les approvisionnements depuis la crise Covid ont conduit à une anticipation des achats de la part de la distribution agricole. Néanmoins, depuis le premier plan Écophyto de 2008, les quantités de substances phytosanitaires vendues par les fabricants ont baissé de 29,5 %.

Étiquette numérique intelligente

Au niveau européen, les entreprises portent en 2023 un projet de construction de base de données européennes nommé Digital Label Compliance via leur association CropLife Europe. Les données réglementaires des produits seront homogénéisées entre les pays et directement accessibles par l’agriculteur en scannant le QR code de l’étiquette. Récupérées, interopérables et propriété de l’agriculteur, ces datas seront directement exploitables par les interfaces programmables et les agroéquipements. Elles permettront d’accroître la précision et de réduire les risques pendant la pulvérisation. La France dispose déjà d’une base de données de référence avec Phytodata et Phytoscan. « Elle sera l’un des pays pilotes en 2024 pour expérimenter le dispositif », a expliqué Pierre-Yves Busschaert, responsable affaires économiques Phyteis. Le déploiement est prévu en 2025, avec un ajout régulier d’informations.