L’Union européenne est très active à l’export sur le marché du blé. En huit mois de campagne, elle en a expédié 20,4 Mt, soit 1,4 Mt de plus que l’an passé et 2,2 Mt de plus qu’en 2021-2022.
L’Afrique du nord a acheté plus d’un tiers du blé européen jusque-là exporté. En achetant 1,6 Mt de blé, l’Égypte devient un client fidèle de l’UE car la céréale est compétitive et surtout disponible à tout moment. Troisième pays importateur de blé européen, le Nigeria (1,7 Mt) devance la Chine en 5e position (1 Mt).

Avec 3,6 Mt d’orges exportées en huit mois, l’UE accuse toujours un retard de 2 Mt par rapport aux deux campagnes précédentes. Cependant, les ventes de malt (équivalentes à 2,03 Mt) sont dans la moyenne.

L’Arabie saoudite a importé 1,1 Mt d’orges, soit déjà deux fois le volume de l’an passé. Mais la Chine n’a acheté que 0,8 Mt (-1,6 Mt sur un an).

Premier fournisseur de maïs

18 Mt de maïs ont été importées par l’UE depuis le 1er juillet 2022, un record ! L’Ukraine est le premier pays fournisseur des Vingt-Sept (9 Mt). En un an, le pays a augmenté de 50 % ses ventes et il aurait expédié encore plus de grains si les agriculteurs ukrainiens avaient pu engranger leur récolte et, surtout, si le trafic ferroviaire et routier n’était pas contraint.

La Pologne s’est fait livrer 1,2 Mt de maïs et l’Estonie 1,3 Mt. L’Italie et les Pays-Bas n’ont pas accru leurs achats ukrainiens, important surtout du maïs venant de France.

En fait, l’UE n’a jamais importé autant de grains depuis qu’elle a ouvert son marché à l’Ukraine. Cette dernière en a même profité pour réaliser une percée spectaculaire en y écoulant déjà près de 13,5 Mt de grains en huit mois !

Quelle que soit la céréale, le pays profite pleinement de sa proximité avec les ex-républiques soviétiques pour exporter les grains qu’il peine à expédier depuis ses ports de la mer Noire.

Sur les 5,8 Mt de blé importées (+ 4 Mt en huit mois de campagne), 3,8 Mt proviennent d’Ukraine. Elle a notamment fourni l’Estonie (1 Mt)*, la Pologne (0,5 Mt)* et la Roumanie (0,5 Mt)*. Ces pays privilégient dorénavant l’origine ukrainienne pour pourvoir aux besoins de leur marché intérieur. Mais une partie des grains livrés en Roumanie est peut-être réexportée!

Toujours en huit mois de campagne, les Vingt-Sept ont acheté 1,56 Mt d’orges, soit 900 000 t de plus que l’an passé. L’Ukraine et le Royaume-Uni se partagent à parts égales le marché européen mais là encore, la proximité géographique influence nettement la destination des grains entre les pays membres de l’Est de l’UE et ceux de l’Ouest.

Prix d’avant-guerre

Le 7 mars 2022 à Rouen, le prix de la tonne de blé flambait. Il atteignait 380 € et le lendemain, 407 € ! Un an plus tard, comme le 1er février 2022, la tonne valait 270 €.

Évidemment, les prix des autres céréales ont quasiment retrouvé leur niveau d’avant la guerre en Ukraine. Mais le cours du maïs est supérieur de près de 10 € à celui du blé, car la production mondiale de la céréale est fortement déficitaire.

Pour le moment, le conflit russo-ukrainien n’effraie plus les marchés. Sur la mer Noire, la reconduction du corridor maritime après le 19 mars prochain devient plausible. Il est de toute façon dans l’intérêt des parties russe et ukrainienne que le commerce maritime dans la région soit le plus fluide possible. La presse internationale mentionne des négociations à venir portant sur une reconduction d’un an du corridor maritime et sur son extension aux ports de la région sud de Mykolaiv. L’Ukraine pourrait alors expédier jusqu’à 8 Mt de denrées par mois depuis ses ports de la mer Noire. En retour, la Russie espère regagner une partie de la confiance perdue sur les marchés internationaux. Elle brade ses grains et voudrait exporter de l’engrais, mais la mer d’Azof reste une zone risquée pour les compagnies d’assurances.

————————

*du 01/07/2022 au 31/12/2022, derniers chiffres connus