L’arrivée des camions de 48 tonnes aurait de multiples avantages, selon l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS), qui teste cette possibilité depuis 2020. L’interprofession, qui rassemble les planteurs de betterave et les fabricants de sucre, indique dans un communiqué daté du 30 juin, qu’au-delà de la réduction significative du nombre de camions sur les routes de 10 %, le 48 tonnes induit une diminution des émissions de CO2 d’au moins 5 à 10 % (uniquement liée à la moindre consommation de carburant par tonne de betterave transportée) et « un avantage économique pour les entreprises sucrières comme pour les transporteurs ». Tous les ans en France, 35 millions de tonnes de betteraves sont transportées jusqu’aux usines, ce qui représente de l’ordre de 80 millions de kilomètres parcourus. L’expérimentation a aussi montré « une meilleure sécurité sur les routes grâce notamment au 3ème essieu auto-vireur qui apporte une meilleure stabilité dans les virages et une plus grande manœuvrabilité ».

50 tonnes aux Pays-Bas et en Belgique

Actuellement, les camions ont un poids total roulant autorisé (PTRA) de 44 tonnes. Le passage à 48 tonnes a impliqué des modifications de la benne à trois essieux qui ont permis de garder la même pression sur la chaussée, en les équipant de pneus extra-larges, en écartant les essieux pour mieux répartir les charges et avec le 3ème essieu auto-vireur pour éviter les ripages. Ces configurations sont déjà utilisées dans certains pays d’Europe du Nord avec des PTRA encore plus importants : 50 tonnes aux Pays-Bas et en Belgique, 60 tonnes en Finlande et en Suède !

L’AIBS appuie sa demande en faisant référence à l’expérimentation « grandeur nature » sur route ouverte, réalisée entre octobre 2022 et janvier 2023, « au cours de laquelle 15 ensembles 48 tonnes ont été comparés à 15 ensembles 44 tonnes, autour des sucreries de Bazancourt (Cristal Union, Marne), Connantre (Tereos, Marne) et Roye (Saint Louis Sucre, Somme), et sur des itinéraires préalablement autorisés par arrêté ministériel. Cette étape a permis d’évaluer les impacts des dispositifs 48 tonnes sur les chaussées et les bâtiments (gêne vibratoire), de quantifier les gains et surcoûts d’un ensemble 48 tonnes par rapport à un ensemble 44 tonnes, et de répondre aux questions liées à la sécurité routière. »

Plus faciles à manœuvrer

Sur le terrain, les entreprises de transport ayant participé à l’expérimentation confirment ces résultats favorables. Alexandre Merat (société Merat) et Florian François (s.a.r.l. T.F.F.) expliquent par exemple que « les ensembles 48 tonnes sont plus stables, plus sécurisants et plus faciles à manœuvrer par rapport aux ensembles 44 tonnes et apportent aussi une solution pour répondre à la problématique de pénurie de chauffeurs. »

« Nous attendons maintenant que le gouvernement se prononce de façon urgente sur le déploiement d’ensembles 48 tonnes dans un cadre permanent pour les campagnes betteravières. Afin de pouvoir préserver la dynamique qui s’est mise en place depuis deux années autour de ce projet, une autorisation pour ce déploiement devrait pouvoir intervenir avant mi-septembre 2023, début de la prochaine campagne betteravière », ajoute Alain Carré, président de l’AIBS. Celui-ci précise également que : « cette transition vers le 48 tonnes se fera progressivement dans le temps au gré des renouvellements de bennes et des stratégies des entreprises de transport. »

Une large concertation

L’expérimentation du transport des betteraves à 48 tonnes a été réalisée dans le cadre d’une large concertation conduite avec l’ensemble des parties prenantes : Délégué interministériel auprès de la filière betterave-sucre, Direction générale des infrastructures des transports et des mobilités (DGITM), Direction de la sécurité routière (DSR), Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), Direction départementale de la Marne, Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), collectivités territoriales : Conseils départementaux des Ardennes, de la Marne, de l’Oise et de la Somme, Association des maires de France (AMF), Association des départements de France (ADF), fédérations de transport routier : Fédéra on nationale des transports routiers (FNTR) et Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), et filière betterave – sucre.