Les discussions se tendent entre la profession agricole et l’administration française sur la recherche d’alternatives à l’usage de produits phytosanitaires. « Tout avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices », expliquent les présidents de l’AGPB (producteurs de blé), l’AGPM (maïs), la CGB (betteraves), la FOP (oléoprotéagineux) et l’UNPT (pommes de terre) dans un communiqué daté du 6 juillet. Le « Comité interministériel d’anticipation du retrait des substances actives et d’évaluation des pratiques alternatives » annoncé par la Première ministre au dernier salon de l’Agriculture et lancé tout début juin, se proposait en effet de répondre à une question cruciale pour les agriculteurs : comment faire émerger des solutions alternatives aux produits phytosanitaires de synthèse, économiquement et techniquement viables ? Une méthode saluée par la profession agricole, qui permet d’être dans l’anticipation pour ne pas se retrouver dans des impasses techniques, comme c’est le cas avec l’arrêt des néonicotinoïdes sur betteraves.

Cibler les usages les plus menacés

Le gouvernement a mis en place sept groupes de travail par filière, dont celui des grandes cultures. Chacun de ces groupes, qui associent les instituts techniques, les interprofessions, l’Anses, l’Inrae, et la direction générale de l’alimentation, devra diffuser les informations relatives au retrait des substances actives et recenser les problématiques posées par les méthodes actuelles de protection des cultures. « Il s’agit dans un premier temps de partager collectivement avec les filières le calendrier européen de retrait des substances actives, de cibler les usages les plus menacés, d’identifier l’éventail des alternatives disponibles et dont l’efficacité est reconnue, d’analyser leur degré de maturité, de les déployer et pour certaines d’entre elles d’intensifier les actions de recherche et d’innovation », expliquait le Ministère de l’Agriculture le 2 mai dernier.

Les échanges se sont basés sur une liste de 75 substances à risque de non-renouvellement ou de restrictions fortes au cours des cinq prochaines années, la majorité étant des molécules herbicides, dont certaines sont essentielles pour le désherbage des graminées sur betteraves.

Une méthode contreproductive

La dernière réunion s’est visiblement mal passée puisque les 5 associations de grandes cultures s’interrogent sur une méthode qualifiée de « totalement contreproductive » :

– Quelles garanties sur le maintien des solutions actuelles, tant au niveau français qu’européen, tant que des alternatives efficaces techniquement, économiquement et environnementalement n’auront pas été identifiées et déployées ?

– Quelle reconnaissance et prise en compte des travaux menés depuis des années par nos instituts techniques en matière d’efficacité des solutions et de recherche d’alternatives ?

– Quelle prise en compte dans l’agenda de travail du temps nécessaire à la recherche, au développement et au déploiement des alternatives ?

– Quels moyens dédiés à cet objectif ambitieux et coûteux et quel financement de cette transition ?

En l’absence de réponses concrètes à ces interrogations, l’AGPB, l’AGPM, la CGB, la FOP et l’UNPT demandent que leurs filières ne participent plus à ces discussions. Le bras de fer avec le Gouvernement est engagé !