Carencée, une plante ne peut pas exprimer pleinement son potentiel. Pour prévenir une telle situation, un diagnostic fluorimétrique des feuilles permet de déterminer les éléments nutritifs susceptibles de lui manquer.

La fluorescence chlorophyllienne émise par les plantes se mesure grâce à une petite pince. Cet outil, créé il y a une trentaine d’années par le laboratoire alsacien Sadef, mesure, à l’instant T, les besoins nutritifs d’une culture. Ainsi, l’agriculteur peut ajuster sa fertilisation en conséquence et éviter des carences mais aussi des apports curatifs parfois injustifiés.

Pincer, flasher et évaluer les besoins

La fluorimétrie est conçue pour déterminer un rendement photosynthétique. Pour ce faire, elle analyse la chlorophylle contenue dans les feuilles ainsi que l’énergie lumineuse captée. Ces données déterminent une mesure de fluorescence qui indique le stress de la plante et d’éventuelles carences nutritives.

Pour réaliser ce diagnostic fluorimétrique, l’opérateur a besoin de 20 feuilles, de préférence jeunes (mais pas en pleine croissance) et toutes sélectionnées sur le même étage foliaire. Une fois prélevées au hasard au sein de la parcelle, celles-ci sont pincées par un clip. La zone végétale ainsi obstruée ne peut ni capter de la lumière ni réaliser de la photosynthèse. Au bout de 20 minutes, l’ouverture du clip provoque, sur ladite zone, l’envoi d’un flash lumineux précis qui enregistre la fluorescence et en donne une valeur. « Tel quel, ce chiffre ne donne aucune indication, souligne Tristan Bradja, technico-commercial chez Agronutrition. En revanche, après interprétation, il informe sur la teneur de huit éléments distincts : l’azote (N), le potassium (K), le calcium (Ca), le fer (Fe), le bore (Bo), le soufre (S), le magnésium (Mg) et le manganèse (Mn) ».

L’appareil compare l’indice mesuré sur l’ensemble des 20 feuilles à une valeur de référence définie pour la culture et détermine si un élément manque à la plante. « L’agriculteur peut ainsi ajuster sa fertilisation et apporter à la plante ce dont elle a besoin, explique Tristan Bradja. En bonne santé, elle est capable de chercher du rendement supplémentaire et d’améliorer le bilan économique de la production ».

Plutôt prévenir que guérir

L’apparition d’une carence dépend généralement du type de sol et de son pH, des pratiques culturales, de la fréquence et de la dose d’apport des produits organiques, etc. Chaque culture a son ou ses éléments de sensibilité : Mn et N pour le blé et Bo, Mn, K, Ca et Mg pour la betterave. Le diagnostic de fluorimétrie permet de détecter une carence 10 à 20 jours avant l’apparition des symptômes. « Il est ainsi possible pour l’agriculteur de pratiquer une fertilisation adaptée pour que la plante ne subisse pas de stress et continue d’être en bonne santé, indique Tristan Bradja. En revanche, lorsque les symptômes de carence sont visibles, les conséquences sur le rendement sont déjà engagées et il est trop tard pour intervenir. Le processus est irréversible ».

La florescence s’observe sur l’ensemble des cultures hormis le lin et les carottes, ces plantes possédant des feuilles trop fines pour pouvoir effectuer un diagnostic de fluorimétrie. « Celui-ci s’opère généralement une fois par campagne culturale, précise Tristan Bragja. Il convient de le réaliser suffisamment tôt durant le cycle végétatif de la culture pour pouvoir fertiliser en cas de besoin. Idéalement, nous préconisons le stade épi un cm à un nœud pour les céréales et au minimum le stade six feuilles pour les betteraves ».