« La réception est un sujet très important pour l’achat de nos betteraves », rappelle Reynald Freger, président de la CGB Seine-Maritime, dans un webinaire organisé par la CGB, le 22 novembre dernier.

L’enjeu est collectif, puisqu’il met en jeu 1,3 milliard d’euros d’achat pour la France betteravière. Mais il est aussi individuel : « le premier enjeu est le respect de la réglementation pour un achat des betteraves bien évalué et équitable entre planteurs », explique Benoît Carton, directeur de la CGB Normandie.

Il y a deux méthodes bien distinctes : la réception avec décolletage manuel (dans les sucreries de Nangis et de Souppes) et la réception avec forfait collet dans les 18 autres usines.

« Les deux opérations se font à équilibre économique, insiste Benoît Carton. Autrement dit, le couple poids-racine à une richesse déterminée conduirait à une évaluation équivalente pour un camion de betterave qui serait réceptionné en décolletage manuel ou en forfait collet ».

La réception avec forfait collet de 7 % est mise en place chez Tereos et Cristal Union, tandis que Saint Louis Sucre applique un forfait collet zéro (achat de la betterave entière).

Sur les bases d’une réception moyenne à 3 ans, le chiffre d’affaires « betterave » français tend vers 1,3 milliard d’euros pour environ 33 millions de tonnes de betteraves annuelles. Toute dérive potentielle d’achat de 1 % sur les volumes représenterait donc 13 millions d’euros. « D’où l’importance d’une réception précise et juste », explique Jean-Jacques Fatous, directeur adjoint de la CGB Hauts-de-France.

Globalement, les résultats sont satisfaisants dans 95 % des situations, même s’il reste encore des améliorations à apporter. « La confiance n’exclut pas le contrôle », déclare Jean-Jacques Fatous.

C’est pourquoi le syndicat betteravier réalise des contrôles hebdomadaires, en plus de ceux effectués par le bureau Veritas. « Les planteurs ont accès aux centres de réception et ils sont toujours les bienvenus pour assister à leurs livraisons », indique Jean-Jacques Fatous.

Les risques de dérives peuvent provenir d’un mauvais réglage de matériels (néanmoins régulièrement contrôlés) qui induirait par exemple des pertes de matière marchande au lavage ou encore l’influence d’opérations manuelles au triage ou au niveau de la saccharimétrie. Pour les usines restées au décolletage manuel, cette opération est également potentiellement une source de discussion sur le bon niveau de la coupe.

La CGB veille au bon déroulement des opérations sur la base des textes interprofessionnels régissant la réception des betteraves et, comme le dit Benoît Carton : « l’acte d’achat des betteraves, quand la méthodologie est bien respectée par le fabricant, est précise, juste et équitable ; ce qui permet d’avoir confiance dans sa réception ».

François-Xavier Duquenne

La réception est composée de 10 étapes

Le transfert de propriété des betteraves se fait au pont-bascule de la sucrerie. Tous les camions sont pesés en entrée et en sortie à vide. En revanche, seule environ la moitié des camions est échantillonnée : prélèvement 1 sonde (environ 60 kg brut) en forfait collet et prélèvement 3 sondes (environ 180 kg brut) en décolletage.

Les 60 kg de betteraves brutes vont ensuite tomber dans des laveuses.

Puis, les betteraves vont sur une table de tri où l’on enlève les cailloux et les betteraves non marchandes.

On prépare ensuite un deuxième échantillon de 20 kg minimum. Ce sous-échantillonnage sera râpé. Un opérateur récolte environ 200 g de râpure pour l’analyse saccharimétrique.

La détermination du taux de sucre s’effectue par une prise de 40 g de râpure pesée sur une balance proportionneuse, qui délivre les 165 ml de clarifiant (sulfate d’alumine).

La solution est digérée et le jus filtré sur une chaîne, puis la mesure du taux de sucre est effectuée à l’aide d’un saccharimètre, encore appelé polarimètre.

En résumé : pour un hectare de betteraves, 80 tonnes de racine seront transportées par environ 2,5 camions chargés. En moyenne, la moitié des camions seront échantillonnés en prélevant 60 kg de betteraves. L’évaluation de la richesse se fera sur 40 g de râpure !