« Le défi de la production, il n’emporte pas que le défi de la mission nourricière des agriculteurs vis-à-vis du peuple français, il emporte également une mission nourricière de la France vis-à-vis d’un certain nombre d’autres états », a déclaré Julien Denormandie, l’ancien de ministre de l’Agriculture, en introduction de son intervention lors d’une conférence de l’Apad, l’association pour la promotion d’une agriculture durable. « La guerre en Ukraine nous l’a rappelé : combien de pays du pourtour méditerranéen dépendent-ils significativement du blé russe ? », s’est-il interrogé en évoquant le cas de l’Égypte, dont 70 % des importations venaient d’Europe et des États-Unis en 2010, et dont 60 % de ces mêmes importations viennent de Russie aujourd’hui. Et de continuer : « il n’est pas étonnant que le ministre des affaires étrangères russe ait été accueilli en Égypte, juste 4 mois après le déclenchement de la guerre. Il faut à la fois produire et protéger l’environnement », a affirmé l’ancien ministre, en évoquant aussi l’impact de l’agriculture sur la dégradation de la biodiversité et ses rejets de gaz à effet de serre.

Puis il a proposé sa méthode pour favoriser la souveraineté alimentaire. La première étape étant l’anticipation : « quand vous n’anticipez pas en amont, vous vous retrouvez dans des impasses. Je pense à la jaunisse de la betterave. L’exemple est criant : l’interdiction a été décidée en 2016 et, jusqu’en 2020, il n’y a eu aucun investissement », s’est souvenu l’ancien ministre. « C’est trop facile d’interdire et de ne pas anticiper les solutions viables », a-t-il affirmé en précisant que le mot « viable » est « absolument essentiel ».

Enfin, Julien Denormandie a été interrogé sur le manque de soutien politique spécifique à l’agriculture de conservation des sols (ACS), en comparaison notamment avec ce qui se fait pour l’agriculture biologique. Tout en reconnaissant ce constat, le ministre a mis le doigt sur le problème de délimitation de l’ACS : « les critères et la définition de l’ACS doivent être précisés pour ensuite venir y associer des aides ».

En effet, il a fait remarquer qu’il était souvent difficile de dire quel est le pourcentage de la SAU française cultivé en agriculture de conservation.

Renaud d’Hardivilliers