Une remorque, dont le plancher qui supporte le produit se déplace horizontalement et dans les deux sens, pour décharger et charger, est tout indiquée pour nombre de matières premières agricoles, en vrac ou conditionnées. La Campagne qui, depuis plus de dix ans, fabrique des bennes à fond mouvant alterné peut se prévaloir d’une bonne connaissance de la question. « Compost, ensilage d’herbe et de maïs, céréales, bottes de paille, palettes, copeaux de bois. Pour tout ce qui représente beaucoup de volume, tout en étant léger, le principe du fond mouvant est la solution », argumente Gautier Lecureux, directeur de l’entreprise à Campagne-lès-Hesdin (Pas-de-Calais). L’avantage peut également s’avérer économique : « une benne à fond mouvant gagne en cubage – de l’ordre de 15 m3 supplémentaires – en étant plus haute par rapport à une benne traditionnelle ». Dans la pratique, ce type de remorque est constitué d’un plancher formé par des lames ou des barrettes en aluminium positionnées dans le sens de la longueur, qui octroie un gain de poids comparé à l’acier. La benne à fond plat offre une sécurité au travail non négligeable et supérieure à celle de la benne classique basculante même si, pour ce genre de matériel, de grands progrès ont été accomplis. La Campagne, comme d’autres constructeurs, place le vérin de bennage de ses remorques classiques devant le premier essieu tandem ou tridem pour mieux répartir le poids entre tous les essieux, y compris l’essieu arrière du tracteur. Mais, pour la stabilité, rien ne paraît plus sûr qu’une remorque qui ne bascule pas. Sur une benne à fond mouvant, la suppression du châssis de caisse abaisse le fond de la remorque et son centre de gravité, lui octroyant du même coup une stabilité plus grande. Aujourd’hui, La Campagne commercialise une BFA (benne à fond alterné) sur trois essieux (tridem) à suspension pneumatique qui affiche un PTAC (poids total autorisé en charge) de 32 tonnes, pour un cubage de 65 m3. Le constructeur affirme qu’elle décharge en trois minutes et trente secondes via une télécommande. Elle est équipée, au besoin, d’un essieu suiveur ou directeur forcé (système Hydroforce), sans barre de liaison ni vérins sous la flèche, qui facilite et sécurise les manœuvres dans toutes les directions. « Dit simplement, résume Gautier Lecureux, là où le tracteur va, la benne suit ».

Polyvalence et sécurité

Krone met en avant de la même manière la sécurité de ses remorques GX à déchargement / chargement à plat. La gamme compte deux modèles de 44 m3 (tandem ou tridem) et 52 m3 (tridem uniquement), voulus « polyvalents et sûrs, qualités recherchées par les agriculteurs », justifie Eric Mivelle, spécialiste des machines de transport chez Krone France. « Avec les GX, ils peuvent transporter de l’ensilage au printemps ou à l’automne, des céréales l’été et des betteraves en hiver ». Le centre de gravité de la benne est situé très bas. « À ma connaissance, on n’a jamais vu une GX se renverser sur un tas d’ensilage », ajoute-t-il. Sur la route et dans les parcelles compliquées, « les essieux bénéficient d’une compensation hydraulique qui stabilise la benne dans les ronds-points et les champs en dévers ». Le système de fond plat adopté par le constructeur allemand est un fond mouvant tirant. La paroi frontale de la remorque est mobile et solidaire du tapis sur lequel repose le produit, lui-même tiré par des chaînes d’entraînement placées sous la benne. « Le produit transporté est ainsi déchargé sans compression, ce qui est important pour des tubercules, de la pomme de terre et des betteraves », souligne Eric Mivelle. Les GX peuvent être chargées par l’arrière et acceptent aussi bien les gros sacs d’engrais que des palettes et des bottes de fourrage et de paille. Elles sont commandées via l’Isobus, avec le terminal du tracteur et un joystick. Cependant, rien n’empêche d’utiliser une télécommande, disponible en option, pour décider à distance du sens d’avancement du tapis, de sa vitesse, et de l’ouverture et de la fermeture de la porte.

Le Drakkar de Joskin

Apparue en 2011, la vaste gamme des Drakkar de Joskin – aujourd’hui dix modèles pour une charge utile de 18 à 28 tonnes – reste fidèle au concept de la caisse à fond mouvant combiné à une paroi frontale mobile destiné à tout type de produits (ensilage, grain, pulpes, betteraves, pommes de terre, légumes). Deux moteurs hydrauliques tirent la bande – ou tapis – qui transporte le produit vers un enrouleur à l’arrière de la remorque. La paroi frontale transparente – pour suivre l’opération –, accompagne le produit sans le comprimer et dans une étanchéité totale. D’où l’appellation de système « tireur » et non « pousseur », qui ne manque pas d’avantages (absence de compactage et de pression sur les parois latérales de la benne, déchargement en mode continu). Le constructeur belge affirme qu’un Drakkar peut être déchargé en une minute, quel que soit le produit, grâce aussi à une porte arrière à grand dégagement (40 cm de déport au-dessus de la caisse). De même, la benne charge des palettes, de la paille, des produits conditionnés à partir de l’arrière. Gage de sécurité, le centre de gravité de la remorque est situé proche du sol. Ses parois sont en polyfont, un composite où figurent de la résine de polyester et de la fibre de verre, qui abaisse le poids à vide et accroît la charge utile.