L’inscription de la définition du biocontrôle dans le code rural (Art L 253-6) a dix ans ! Cette spécificité française donne un coup d’accélérateur aux produits qui entrent dans cette catégorie, car ils bénéficient de mesures incitatives. « Ce cadre réglementaire a permis à notre secteur de se développer », a souligné Céline Barthet, présidente d’IBMA France lors des 10es rencontres de l’association qui se sont tenues à Angers, le 16 janvier, pendant le Sival. En effet, en France, les préparations qui entrent dans ce périmètre passent sur le haut de la pile des dossiers examinés par l’Anses pour accorder une autorisation de mise sur le marché. Toutefois, un tel cadre n’a pas d’équivalent en Europe. Pourtant, c’est à ce premier niveau que débute le processus d’homologation. Conséquence : les substances d’origine naturelle prennent la même file que les produits « conventionnels ». Aussi, l’association regrette le coup d’arrêt mis sur le règlement européen SUR (utilisation durable de produits phytopharmaceutiques). Car, justement, il introduisait une définition du biocontrôle : « la déception est là, même si ce n’est que partie remise, insiste-t-elle. Nous ne voulons pas moins de réglementation, mais nous demandons une réglementation mieux adaptée à ces produits pour aller plus vite ». Actuellement, plus d’une cinquantaine de substances sont bloquées dans le pipe-line européen.

Avis que partage le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, invité à ces rencontres. « Comment massifier, convaincre ? On ne développe pas une stratégie si on n’a pas une réglementation », a-t-il insisté. D’autant que des plans pour soutenir l’innovation et la formation se mettent en ordre de marche en 2024 : Parsada* (alternatives aux 75 substances qui pourraient être retirées), Écophyto 2030, le Grand défi du biocontrôle et de la biostimulation, le Pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricoles… « Le biocontrôle va prendre une place croissante dans la formation continue et initiale », a-t-il complété. Deux lycées agricoles sont d’ailleurs pilotes en 2024 du programme « Action Biocontrôle » du plan Écophyto. L’un d’eux est le Naturapôle Campus d’Yvetot, en Seine-Maritime.

Si, dorénavant, les yeux sont braqués sur Bruxelles pour accélérer le biocontrôle, des ajustements réglementaires sont tout de même à opérer en France. Ce dont convient Marc Fesneau sur le sujet de la séparation de la vente et du conseil, allant dans le sens de la demande d’IBMA de revoir la copie. « La vérité, c’est qu’on a perdu le fil du conseil. Il faut peut-être se dire tranquillement que ça ne marche pas et retravailler », a-t-il convenu. IBMA France maintient son cap de 30 % du marché avec du biocontrôle d’ici à 2030, contre 10 % en 2022.

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(*) Plan d’anticipation du retrait des molécules et de développement d’alternatives.