Les surfaces de tournesol se déploient en rotation betteravière. Toutefois, les interrogations persistent pour sécuriser l’itinéraire technique face aux à-coups climatiques en été, même au nord de la France ! Aussi, pour les semis 2024, Terres Inovia met à la disposition des agriculteurs deux nouveaux supports. Un outil de calcul de la marge brute du tournesol appréhende les résultats économiques de la culture. Il est complété par le point technique « Réussir son implantation pour obtenir un tournesol robuste».

Trois facteurs clés pour sécuriser le potentiel de rendement

Qu’est-ce qu’un tournesol robuste ? « Un tel tournesol exprime tout son potentiel de rendement sans être limité, ni par sa densité de peuplement, ni par sa surface foliaire à l’entrée de la floraison, explique Matthieu Abella, ingénieur de développement Terres Inovia et coordinateur du point technique. Un troisième critère agronomique intègre cette définition : l’accès à l’eau. Les ressources sont de plus en plus hétérogènes en période estivale ; aussi les racines doivent pouvoir puiser l’eau dans le plus grand volume de sol possible », complète l’expert.

Pour atteindre ces objectifs et maîtriser tout l’itinéraire cultural, Terres Inovia a défini sept états clés. Interdépendants, ils sont synthétisés dans un tableau de bord du « Point technique ». Cet outil de pilotage est organisé comme celui du colza robuste, déjà largement diffusé. « Ainsi, chaque agriculteur peut établir une analyse stratégique sur les pratiques culturales mises en œuvre, indique l’ingénieur. Il se projette sur la campagne suivante dans le cadre d’une démarche d’amélioration continue ».

Concrètement, le producteur intègre dans sa réflexion le précédent cultural, la gestion de l’interculture, la structure du sol, la préparation du lit de semences, la date de semis, la nutrition, le désherbage et l’état sanitaire jusqu’à la fin de la floraison. D’ores et déjà, en termes de calendrier, Terres Inovia conseille de viser une levée du tournesol avant le 1er mai afin d’assurer une entrée en floraison début juillet. Toutefois, dans le nord de la France et en zone plus à l’Est, le risque de gelées au stade cotylédons doit être écarté.

Bien préparer le lit de semences

Aussi, pour ne pas décaler la période de floraison, le premier défi consiste à faciliter la levée du tournesol ! Les premiers centimètres du sol doivent contenir au moins autant de terre fine que de mottes mais pas trop de résidus. Ce dosage assure le bon contact entre la terre et les semences. Quant à la structure du profil cultural, elle aussi doit faciliter l’enracinement. « L’objectif est d’obtenir une structure ouverte sur les 20 à 30 premiers cm du sol, avec une majorité de mottes non tassées, sans semelle de labour, ajoute Mathieu Abella. Alors, les pivots de tournesol pourront se développer en profondeur sur 15 à 20 cm, avec un risque limité d’être coudés ou fourchus ».

Dans ce cadre, la gestion de l’interculture joue un rôle important. Le choix des espèces de couverts, des mélanges à base de légumineuses, peut être raisonné avec l’OAD Acacia de Terres Inovia. Selon l’institut technique, l’idéal est de détruire le couvert en sortie d’hiver, par un broyage de surface pour fragmenter le plus possible les résidus et réchauffer le sol. Ensuite, en se décomposant, la biomasse restitue rapidement au sol de l’azote assimilable par le tournesol. Autre avantage, les couverts d’interculture apportent de la matière organique. Ils permettent le stockage de carbone dans le sol. Enfin, les racines créent de la porosité.

Semis du tournesol homogène tous les 20 cm sur le rang

Bien positionner les graines au moment du semis se révèle l’un des facteurs clés du rendement. En effet, le tournesol ne compense pas un défaut de peuplement, qu’il soit insuffisant ou trop dense. « Jusqu’à 30 % de pertes de rendement peuvent être observées si la couverture du sol et la structuration du rang sont hétérogènes », précise Mathieu Abella. Deux critères entrent alors en ligne de compte : la densité des plants/m2 et leur répartition sur le rang. Exemple avec un essai apportant une couverture du sol de 75 % : les plantes sont groupées deux par deux, à 10 cm de distance l’une de l’autre. Ensuite, un espace de 30 cm est laissé entre chaque tandem. Conséquence : le rendement diminue de près de 12 %. Une répartition régulière sur le rang, tous les 20 cm avec 5 à 7 pieds par m2, est donc à rechercher. Au regard de cet objectif, la densité de semis idéale se calcule selon le réservoir hydrique du sol et l’écartement entre rangs choisi par l’agriculteur.

Levée rapide et risque bioagresseurs

Par ailleurs, la levée doit être rapide pour limiter les dégâts par les pigeons et les autres bioagresseurs (taupins, limaces…). Le stade cotylédons étalés (A2) doit être atteint au maximum quatorze jours après le semis. Au-delà de 20 jours, le rendement peut être compromis. Quant à l’indice foliaire qui correspond à la surface de feuilles par rapport à la surface totale de sol, il doit se situer entre 2,3 et 3 à la floraison. Ainsi, la plante capte le maximum de lumière pour assurer la photosynthèse.

La fertilisation azotée se raisonne en prenant en compte cet objectif et en intégrant dans les calculs la restitution des couverts végétaux. Le désherbage de pré ou post-levée s’avère indispensable pour éviter toute concurrence avec la culture. Le tournesol est une espèce adaptée à la mise en œuvre de désherbage mécanique.