« Nous commençons à poster des annonces dès le mois de février pour recruter des chauffeurs pour la saison d’arrachage des pommes de terre, qui se déroule de fin juillet à fin août », explique Rémi Baudrin, agriculteur à Varize en Eure-et-Loir, qui partage les choix stratégiques liés aux pommes de terre avec deux autres associés. « Pour la culture de pommes de terre, nous nous sommes regroupés à trois agriculteurs, ce qui nous permet de mutualiser le matériel de récolte et de plantation mais aussi la vente des pommes de terre primeur, qui représentent 50 hectares, et des pommes de terre de consommation, cultivées sur 60 ha », détaille l’agriculteur. Et cette mutualisation concerne également la main d’oeuvre, puisqu’un groupement d’employeurs a été créé, notamment afin de sécuriser l’organisation des chantiers. Car le trio a choisi de ne pas recourir à une entreprise de travaux agricoles pour la récolte des pommes de terre. « Plutôt que de faire appel à un prestataire, nous avons fait le choix d’effectuer nous-mêmes la récolte, nous permettant d’être maîtres de la qualité d’arrachage, ce qui est notamment déterminant pour les pommes de terre primeur, poursuit Rémi Baudrin. Aussi, nous maitrisons nos coûts de récolte. Enfin, cette organisation est plus souple que si nous avions recours à une entreprise de travaux agricoles. » L’anticipation est donc de rigueur concernant le recrutement de la main d’oeuvre saisonnière, car c’est sur elle que repose la bonne organisation du chantier de récolte. Concernant les associés, ils ont également établi une répartition des tâches bien rodée : quand Rémi est préposé au bon déroulement du chantier, en prêtant une attention particulière à l’accompagnement des saisonniers et au bon fonctionnement du matériel avec un oeil avisé sur la qualité d’arrachage, les deux autres associés sont en charge du stockage, de la commercialisation et de la gestion des ressources humaines, ainsi que de la planification des chantiers.

Réseaux sociaux, Agriaffaires, bouche-à-oreille

Si l’embauche de douze saisonniers pour le triage n’est pas problématique, il faut faire preuve de proactivité concernant les quatre postes de chauffeurs à pourvoir pour l’arrachage et le transport des pommes de terre. Annonces sur le web, prises de contact avec les lycées agricoles et communication sur les réseaux sociaux, Rémi Baudrin n’hésite pas à utiliser différents canaux pour arriver à cibler ses futures recrues, en comptant aussi sur le bouche-à-oreille. « Nous avons habituellement des jeunes chauffeurs, fils d’agriculteurs ou étudiants en agriculture, âgés d’environ 18 à 20 ans, qui viennent de toute la France, parfois sur les conseils d’un saisonnier déjà venu ici », précise l’agriculteur d’Eure-et-Loir. Et l’offre d’emploi à de quoi séduire. Tout d’abord, du côté des conditions d’accueil, tout est mis en œuvre pour que les salariés n’aient qu’à poser leurs valises en arrivant. Les employeurs proposent un hébergement dans un corps de ferme et de la nourriture. « Nous travaillons avec un traiteur pendant une partie de la saison », précise Rémi Baudrin. L’intérêt d’occuper un tel poste en tant que saisonnier est mis en avant par le chef d’exploitation : « C’est une bonne expérience, surtout pour ceux qui ont envie d’apprendre de nouvelles choses. ». Et pour les moins expérimentés, Rémi Baudrin prévoit un temps de formation allant de trois jours à une semaine, selon les besoins. Il s’efforce donc de faire preuve de pédagogie pour transmettre son savoir-faire.

Nouvelles compétences avec la méthanisation

Les missions peuvent être assez diversifiées car un relais s’organise entre l’arrachage et le transport. Quand les conditions météorologiques mettent à l’arrêt le chantier de récolte, les saisonniers ont la possibilité d’enrichir leurs compétences en découvrant d’autres activités comme la méthanisation. « Nous avons depuis 3 ans un méthaniseur de 150 kWe à deux associés pour environ 500 hectares, présente Rémi Baudrin. Ce dernier nous permet de faire 40% d’économies d’engrais, surtout des engrais de fond, grâce à l’épandage du digestat. » L’intégration du méthaniseur dans le système s’accompagne d’un assolement adapté, avec des cultures intermédiaires à valorisation énergétique. Une diversité culturale propice aux objectifs de conservation des sols, qui passe aussi par la mise en place de cultures intermédiaires pièges à nitrates et par un travail du sol restreint, notamment grâce au recours au strip-till. Si l’agriculture de conservation des sols reste compliquée à mettre en place sur les oignons et les pommes de terre, qui sont des cultures à forte valeur ajoutée, le travail simplifié est privilégié en betterave. Rémi Baudrin s’engage également dans la réduction de ses indices de fréquence de traitement. Un objectif qui passera par l’investissement. 2024 verra apparaitre un outil innovant qui devrait d’autant plus susciter l’intérêt : l’Écorobotix, pour une pulvérisation ciblée sur les cultures en ligne comme les betteraves, les haricots ou encore les oignons.