Mardi 20 février, près de 250 professionnels des filières endive et chicorée se sont retrouvés à l’hôtel de la région des Hauts-de-France, à l’initiative de l’Apef, pour faire entendre leurs inquiétudes. « Cela fait deux ans que nous alertons, sans succès, le ministère de l’Agriculture sur les enjeux et conséquences des interdictions de l’utilisation de trois molécules actives (la benfluraline, le triflusulfuron-méthyle et le spirotétramate) dans la culture des endives. Elles devraient entrer en vigueur respectivement les 14 mai et le 20 août 2024, ainsi qu’en avril 2025. Le problème est que, pour l’instant, nous n’avons aucune solution alternative pour les remplacer ! Le risque est tout simplement de condamner les 300 endiviers et 200 planteurs de chicorée en activité », dénonce sans détour Philippe Bréhon, président de l’Apef.

Sans remettre en cause l’évolution des pratiques culturales pour limiter leur impact sur l’environnement, l’Apef ne comprend pas que la nouvelle réglementation du Green deal s’impose aussi précipitamment. Et sans délai dérogatoire avant d’avoir trouvé des molécules alternatives efficaces à la fois comme herbicide, avant et pendant les semis, et comme insecticide pour lutter contre les pucerons lanigères. À noter que l’Apef a sollicité le Parsada pour financer des travaux d’expérimentation et trouver des techniques alternatives de protection des cultures.

Deux fleurons de l’agriculture française

Pour rappel, la filière endivière représente 300 producteurs exploitant 8 000 hectares, 4 000 emplois directs et 130 000 tonnes par an pour un chiffre d’affaires de 230 M€. Sa double particularité est qu’elle se concentre à 90% dans les Hauts-de-France et qu’elle occupe la première place mondiale loin devant les Pays-Bas (45 000 t) et la Belgique (25 000 t). « Mais alors que l’endive est le 4ème légume consommé dans notre pays (6kg/an/foyer), avec un approvisionnement 100% d’origine France, la filière a vu sa production divisée par deux et par trois le nombre de ses producteurs ces 20 dernières années », poursuit l’Apef. Et les projections à court terme tablent sur une production annuelle de 80 000 tonnes.

Marie-Sophie Lesne et Xavier Bertrand, respectivement vice-présidente et président de la région des Hauts-de-France, apportent leur soutien aux deux filières et sollicitent le ministère de tutelle pour peser auprès de l’Union européenne afin d’obtenir rapidement des mesures dérogatoires, comme le demande également la filière endivière belge.

Associée à cette mobilisation, l’interprofession de la chicorée, dont 95% de la production nationale se concentrent, là encore, dans les Hauts-de-France (200 planteurs, 1 000 emplois directs, 120 000 tonnes pour un CA de 150 M€) subit les mêmes menaces. Vu les dates d’entrée en application de la nouvelle réglementation européenne, une solution s’impose d’urgence pour sortir de cette impasse.