« La luzerne doit devenir une ressource pérenne, a souligné Eric Masset, président de la Coopération Agricole Luzerne de France, lors de son discours de clôture. À travers les aides couplées à la production et l’écorégime, l’Union européenne encourage sa production, et celle d’autres légumineuses. Ces dispositifs représentent un début de réponse pour rémunérer, à leur plus juste valeur, les services écosystémiques rendus par ces cultures ». Ces derniers sont multiples : entretien du sol, lutte contre la pollution azotée et amélioration de la biodiversité comme l’illustre le projet Apiluz, piloté par l’association Symbiose.

Christian Huygues, directeur scientifique agriculture à l’Inrae, a développé l’intérêt de la luzerne en tant que base de diversité qui rend des services. « Augmenter sa production, c’est avoir plus d’azote dans le système et de la protéine pour l’alimentation animale et humaine ». Il rappelle cependant qu’il serait utopique de rêver d’un système où la modification d’un seul paramètre change tout. Et précise que « c’est la somme de petites actions qui contribue à l’amélioration d’un système ».

Eric Masset a rappelé la nécessité du monde agricole de disposer de bases scientifiques pour atteindre des objectifs communs. « En tant qu’agriculteurs, nous souhaitons produire mieux et plus mais avec une simplification des normes qui permette la réduction des intrants, sans écarter la réalité économique d’assurer un revenu aux exploitants et une performance aux structures coopératives », précise-t-il. Erik Orsenna, académicien et grand témoin de ce congrès, partage ces propos. « Arrêtons avec les successions d’interdits pour tendre vers une politique des possibles ». L’écrivain n’a pas mâché ses mots : « Nous marchons sur la tête et méprisons l’essentiel, à savoir les agriculteurs. Nous leur demandons de produire à des prix toujours plus bas, sans tenir compte de la production. Pourtant, nourrir c’est produire ».