« Je me suis installé en 2020 à la suite d’une formation BPREA (Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole) réalisée quatre ans auparavant, raconte Jean-Baptiste Portier, agriculteur à Saint-Amand-sur-Fion dans la Marne. Je me suis beaucoup interrogé sur l’intérêt de reprendre l’ETA jusqu’ici pilotée par mon père. Je me suis vite aperçu que cette activité va de pair avec la gestion de mon exploitation, qui compte actuellement 89 hectares, une taille trop petite pour en vivre. Sans l’ETA, je n’aurais pas eu d’autre choix économique que d’exercer, en parallèle, une activité professionnelle à mi-temps ».

L’organisation, clé de la réussite

En plus de sa propre exploitation, Jean-Baptiste Portier gère les 30 hectares d’une exploitation voisine en prestation complète. Parallèlement, tous les ans, il récolte 220 à 300 hectares de céréales et arrache 150 à 200 hectares de betteraves, localisés respectivement dans un rayon de 20 et 80 km autour de l’exploitation. « Ces surfaces varient selon les opportunités, le contexte et les besoins des agriculteurs des villages alentours, explique-t-il. Parfois, j’ai de la demande pour semer des betteraves ou récolter du tournesol ». Jean-Baptiste Portier est aidé par son père et un apprenti qui suit un BTS en alternance. « Avec l’ETA, je connais des périodes de travail intenses, des semis de printemps jusqu’aux derniers arrachages de betteraves qui ont eu lieu le 22 décembre cette année, indique-t-il. Je veille à bien m’organiser pour récolter toutes les parcelles dans de bonnes conditions ».

« Afficher une belle vitrine »

Jean-Baptiste Portier dispose de matériels récents (pulvérisateur traîné et épandeur à engrais équipé de coupure de tronçons, etc.). Selon lui, les innovations technologiques pour réaliser de la prestation de service rassurent les clients et facilitent les échanges commerciaux. « À travers l’ETA, je propose un service commercial, précise-t-il. Il est bien plus alléchant si la vitrine est belle. Cependant, le morcellement des parcelles sur mon territoire freine les investissements de matériels de grande largeur, la plus grande parcelle ayant une superficie de 11 hectares ».

Dans son ETA, Jean-Baptiste Portier possède un tracteur Fendt qu’il a choisi de louer. « À la fin de ses 600 heures annuelles de travail, je sais exactement combien il m’a coûté, indique-t-il. En fin de bail, je le renouvelle. Ainsi, je dispose toujours d’un tracteur opérationnel et équipé de technologies récentes (coupures de section automatique, isobus) ».

Pour l’arrachage des betteraves, le jeune entrepreneur dispose d’une automotrice datant de 2003. « En tant qu’ancien mécanicien agricole, je suis capable de l’entretenir moi-même. Tant que je trouverai des pièces, je continuerai de la réparer car cette machine est fiable et robuste. Même si cet entretien me coûte cher, je ne suis pas encore prêt pour investir dans une intégrale ».

Rester à l’écoute et s’adapter

« Sans l’ETA, je ne pourrais pas vivre uniquement de mon exploitation, confie Jean-Baptiste Portier. Je ne suis pas un cas isolé. Certains agriculteurs préfèrent travailler avec un prestataire pour réaliser les travaux agricoles et exercer une autre profession. Personnellement, je préfère gérer ma propre exploitation et proposer mes services aux autres ». Le jeune agriculteur sait s’adapter à la demande et aux évolutions des pratiques agricoles. Il reste à l’écoute, comme il dit, et s’implique dans les filières, notamment au sein du Comité jeunes de sa coopérative Vivesica.

Très imprégné par la technique Geda (groupement d’étude et de développement agricole auquel il adhère), Jean-Baptiste Portier réduit ses doses de produits phytosanitaires, voire le nombre de passage de fongicides sur les céréales. « J’explique cette pratique à mes clients, pour qu’ils en comprennent les enjeux techniques et économiques, souligne-t-il. Cette approche mérite d’être réfléchie, car la multiplication des passages représente un coût ». Cependant, l’entrepreneur sait que cette technique est plus difficile à mettre en pratique dans le cadre d’une prestation de service. Il convient d’intervenir très tôt le matin pour profiter de l’humidité, ce qui n’est pas toujours évident avec son organisation actuelle et sa structure qui l’empêchent, pour le moment, d’embaucher un salarié à temps plein.