« On sème tous nos colzas au strip-till depuis de nombreuses années sur notre plateforme d’expérimentation Syppre* Champagne et ça marche tous les ans », constate Ghislain Malatesta, directeur du département expérimentation et expertises régionales à l’Institut technique de la betterave (ITB). Clé de voûte pour obtenir un colza robuste, plus résistant aux ravageurs, la réussite de l’implantation est donc déterminante. Depuis plusieurs années, le recours au strip-till séduit de plus en plus d’adeptes. Il faut dire que cette technique présente de nombreux atouts. « Avec le semis du colza au strip-till , on garde la fraîcheur et on obtient de bonnes levées. Et puis, on effectue une seule opération au lieu de deux, voire trois, puisqu’on passe l’outil et qu’on sème en même temps », poursuit le spécialiste. Un ou deux déchaumages en amont n’est pas obligatoire et dépend de plusieurs paramètres : précédent cultural, type de terre, conditions météorologiques. Si des économies de passage, et donc de temps et de carburant, sont attendues avec la technique de semis du colza au strip-till, il faut avoir en tête que la vitesse de passage en six rangs doit être adaptée et souvent réduite pour assurer un travail de qualité. « La vitesse est très variable selon les situations, ça peut aller de 4 ou 5 km/heures à 6 ou 7 km/h. On peut aller plus vite avec un semoir à pneumatique derrière, mais il faut de la puissance de traction », reconnaît Ghislain Malatesta.
Éviter les buttes de terre avec un bon réglage
Pour manier l’outil et surtout bien le régler, il faut faire preuve de technicité. Un bon réglage va en effet permettre d’éviter la formation de buttes de terre, qui seraient en outre inappropriées en cas de binage. « Durant l’opération, il ne faut pas hésiter à descendre du tracteur pour venir voir ce qui se passe derrière », conseille l’expert. Malgré les avantages de cette technique, l’un des freins à sa mise en œuvre est le type de terre. Si les terres blanches et limoneuses sont propices, et notamment les terres de craie en Champagne où se trouve la plateforme Syppre, les terres argileuses sont plus réfractaires. « En sols argileux, le semis combiné au passage de l’outil est souvent très délicat, indique Terres Inovia dans son guide technique 2024 dédié au colza. Un sol trop frais conduit à des lissages et à un manque de terre fine, ne permettant pas une bonne fermeture de la ligne de semis. En sol très sec en surface, et frais plus profondément, la fissuration crée des blocs de terre sèche et l’absence de terre fine. » Attendre le bon moment pour intervenir et dissocier la fissuration du semis, ainsi que le recours au guidage RTK, sont donc les préconisations de l’institut technique. Enfin, il est à noter que l’avantage du strip-till est de pouvoir être utilisé pour toutes les cultures en ligne comme le maïs, le tournesol, le sorgho ou encore la betterave sucrière, mais aussi pour les couverts permanents.
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* Le projet Syppre a pour objectif d’accompagner la mise au point de systèmes de grande culture innovants, optimisés par rapport à l’existant et répondant à un objectif de triple performance (source : ITB)