En une semaine, les spéculateurs ont augmenté d’un tiers leurs positions nettes à la vente : ils étaient vendeurs de 2,8 millions de tonnes de sucre fin mai, les voilà désormais nets vendeurs de 3,8 Mt ! Du coup, évidemment, le marché flanche : il passe sous les 17 cts/lb, ce que nous n’avions pas vu depuis cinq ans.
Il faut dire que le 22 mai, un rapport de l’USDA, anticipant une récolte pléthorique en Inde semble avoir provoqué un choc sur un marché en mal d’information. Pourtant, ce même rapport anticipe des stocks mondiaux de fin de campagne, en octobre 2025, sous les 39 Mt, un niveau exceptionnellement bas. Même fin octobre 2026, ces stocks n’atteindraient que 41 Mt : c’est presque 10 % de moins qu’en octobre dernier (45 Mt). Et encore, le prévisionniste anticipe que plus de 8 Mt de ce stock seront en Inde, alors que l’on connait l’essor de son débouché éthanol…
Du coup, n’est-ce pas exagéré ? En tout cas, de son côté, S&P a revu, lui aussi, son bilan mondial le 4 juin, et le tend encore davantage : la campagne mondiale actuelle (octobre 2024 à septembre 2025) serait en déficit de -3,8 Mt ; c’est un niveau record depuis 2015-2016. La campagne suivante (2025-2026) serait en léger surplus : +1,9 Mt est anticipé, un niveau inférieur à l’an passé.
Bref, un vent d’incertitude qui rend la lecture du marché difficile, mais avec une impression globale que le niveau actuel est bien sévère. Ajoutons que les inconnues à l’œuvre sur la campagne brésilienne n’arrangent pas les choses : sur le premier mois et demi de campagne (1er avril au 15 mai), l’UNICA informe de rendements en baisse (-5 %) et plus de 20 % de canne en moins traité sur la période, par rapport à l’an passé !
En Europe, c’est bien plus calme. Le prix du sucre livré en mars, 538 €/t sortie usine selon la Commission européenne, est en léger rebond par rapport au mois précédent. De même, la tendance légèrement haussière du spot se poursuit : on a déjà gagné 70 €/t depuis le début de la campagne et, selon S&P, le spot résiste bien. Il faut dire que les faibles disponibilités ukrainiennes, annoncées début juin, vont encore tendre l’offre…