Les températures caniculaires ont accéléré le calendrier des moissons. Dans le Sud-ouest à la fin du mois de juin, l’orge d’hiver n’était pas encore finie d’être engrangée que le blé arrivait à maturité.
Toutefois, la production française d’orge d’hiver (7,8 millions de tonnes – Mt) ne restera pas dans les annales. Bien qu’elle soit supérieure de 13,5 % à l’an passé, elle reste inférieure à la moyenne quinquennale (8 Mt).
En fait, la nouvelle récolte est permise par une augmentation des rendements moyens de près de 10 quintaux par hectare (q/ha) (64,6 q/ha versus 55,5 q/ha en 2024-2025) car la surface cultivée est inférieure de 2,5 % à la campagne passée.
Plusieurs semaines d’avance
Hors de l’Hexagone, la moisson a débuté dans tout l’hémisphère nord avec parfois plusieurs semaines d’avance. Les premiers retours sont souvent conformes aux prévisions. Mais en Russie, les annonces sont quelque peu contradictoires. Le site Sevecon.ru rapporte une production de blé dorénavant établie à 83 Mt de blé, supérieure de 1,3 Mt à l’an passé. Mais les rendements dans les régions de Rostov et de Krasnodar, des bassins céréaliers très importants au sud du pays, sont parfois inférieurs de moitié à l’an passé, à peine supérieurs à 2 t/ha. Mais la moisson russe est loin d’être finie !
Quoi qu’il en soit, d’importantes quantités de blé et d’orges sont stockées dans le monde, quand elles ne sont pas directement offertes aux marchés. Or la récolte australe de l’été passé n’est pas encore écoulée.
En Europe, la Commission européenne table sur une production de 129 Mt de blé tendre, de 8 Mt de blé dur et de 54 Mt d’orges. Ces productions seraient respectivement supérieures de 17 Mt, de 0,8 Mt et de 4 Mt à 2025 à 2024. La France contribuerait fortement à ce redressement européen, puisqu’elle récolterait 32,5 Mt de blé tendre (+7 Mt sur un an) et 11,2 Mt d’orges (+2,3 Mt).
Sur les marchés, les opérateurs avaient anticipé cette affluence. Les cours des céréales ont diminué tout au long du printemps dernier, guidés par le décrochage du dollar américain face à l’Euro (- 4 cents en un mois à 1,17 € dollars).
Après avoir perdu 10 € en quatre semaines, la tonne blé finit par valoir 30 € de moins que l’an passé (190 €/t versus 220 €). Les cours de l’orge fourragère et de l’orge de brasserie se sont repliés dans les mêmes proportions. Aussi, les deux céréales entament la campagne à des prix inférieurs de 20€/t pour la première (181 €/t) et de 30 €/t pour la seconde (230 €/t) à 2024.
La nouvelle campagne 2025-2026 est aussi plombée par des exportations de céréales qui ne décollent pas. Elles seront à peine supérieures à 2024-2025 (430 Mt, dont 205 Mt pour le blé).
A l’import, l’Union européenne sera elle-même moins présente sur les marchés des céréales à paille. Ses disponibilités accrues de grains réduiront ses importations de blé (9 Mt) de 2 Mt. L’Ukraine est du reste limitée dans ses échanges de grains avec les vingt-sept Etats membres depuis le début du mois de juin dernier.
Les exportations mondiales de blé ne retrouveront pas leur niveau de 2023-2024 (19 Mt) car l’Empire du Milieu n’ambitionne pas d’en importer plus de 9 Mt, comme la campagne passée.
Deux régions du globe feront davantage appel aux marchés céréaliers pour s’approvisionner en blé durant la campagne 2025-2026 : l’Afrique et le Moyen Orient.
En Afrique, l’augmentation attendue de la production de blé de quelques millions de tonnes ne sera pas suffisante pour compenser la croissance des besoins de la population. Le continent importera plus de 61 Mt de grains (+7 Mt en deux campagnes).
Le Moyen Orient est aussi attendu pour importer jusqu’à 30 Mt de blé, soit 6 Mt de plus qu’en 2024-2025. En effet, la région est affectée par une sécheresse sans précédent, la pire en Syrie en soixante ans. Mais en Arabie saoudite, la production irriguée de blé (1,5 Mt) aura doublé en quatre ans.