La gestion de la grande faune ne pose aucun problème aux États-Unis et au Québec. Si une population animale devient préoccupante, on en limite la progression. Si elle a, au contraire, besoin d’un coup de pouce, on le lui donne. Tout cela s’effectue dans la plus grande fluidité, sans agitation. En 2020, lors de l’ouverture de la saison de la chasse au loup, le 1er août, en Alaska, on a autorisé le tir des femelles allaitantes ainsi que celui des petits. Et en octobre de la même année, lorsqu’a débuté la saison de la chasse aux ours, le tir des femelles a lui aussi été autorisé dans certaines parties des réserves nationales de Denali et des Gates of the Arctic. Au printemps suivant, on a encore pu tirer les femelles suitées. Objectif : faire chuter drastiquement des populations animales qui posaient de sérieux problèmes à la fois aux équilibres naturels et aux humains.

Par ailleurs, les techniques de chasse précédemment interdites comme l’utilisation de donuts, de popcorn ou d’autre forme humaine de nourriture pour appâter les ours sont devenues légales dans les réserves nationales de l’Alaska.

Ces pratiques n’ont rien de nouveau. Elles sont utilisées depuis des siècles par les peuples autochtones. Personne ne s’en émeut, bien au contraire.

Intouchables

Il n’en va pas de même en Europe où le loup et l’ours ont, pour certains idéologues, changé de statut. Il ne s’agit plus d’animaux mais d’icônes. Intouchables.

On en a eu un exemple flagrant avec le jugement qui, de l’autre côté des Pyrénées, a condamné à deux ans de prison ferme un chasseur pour avoir tué l’ourse Sarousse. L’affaire remontait à 2020. Le chasseur avait plaidé la légitime défense. Attaqué par l’animal, il assurait avoir défendu sa vie. La Cour Suprême a finalement rejeté son pourvoi en cassation à la suite des attaques des associations animalistes qui voulaient le voir lourdement condamné. C’est fait. La justice a également condamné le prévenu à 4 ans d’interdiction de chasser et à une amende de plus de 17 000 euros. On voit dans ce contexte que si un chasseur pyrénéen se voit confronté à un ou une ourse, il aura tout intérêt à ne pas se défendre. Dans l’état actuel des mentalités il semble impossible qu’un tribunal, soumis à la pression des animalistes, trouve au porteur de fusil la moindre circonstance atténuante.

Pourquoi ces confrontations ? Dans la quasi-totalité des cas, l’homme découvre une ourse suitée. Dans ce cas, l’animal charge quasi systématiquement. Charge d’intimidation ? Parfois, mais pas toujours. Au Canada, les attaques parfois mortelles d’ourses sur des randonneurs sont assez fréquentes.

La Slovaquie prévoit d’abattre 350 ours

Voyons ce qui se passe ailleurs en Europe. En Slovaquie par exemple. Les attaques sur des humains sont en telle progression que le Premier ministre, Robert Fico a décidé de réagir énergiquement. « Nous ne pouvons pas vivre dans un pays où les gens ont peur d’aller dans les bois », a-t-il déclaré après la découverte du cadavre d’un homme tué par un ours.

Actuellement, le nombre de plantigrades présents dans le pays serait d’environ 1 300. Les autorités souhaitent faire redescendre la population totale aux alentours de 800, afin que l’espèce puisse vivre sans être menacée, mais sans représenter un danger pour les habitants.

La Slovaquie prévoit donc d’abattre prochainement 350 ours.

Au niveau européen, la législation ne le permet pas. Les pays concernés peuvent réguler les individus qui représentent un danger mais il est impossible de faire massivement baisser les effectifs.

Notons qu’en Slovaquie, les associations de défense de l’ours et de la protection animale ont dénoncé cette décision. Sans résultat.

En Suisse, une meute de loups dans le viseur

Chez nos voisins helvètes, c’est le loup qui inquiète. Le Parlement du canton des Grisons a approuvé dernièrement la destruction d’une meute entière.

Elle se tient autour du Piz Beverin, un sommet du massif des Alpes, non loin de la commune de Thusis. Les loups, très agressifs, ont attaqué des troupeaux de moutons, de chèvres, de bovins et même des ânes. Les gardes-faune et chasseurs grisons ont abattu 48 loups entre septembre 2024 et janvier 2025, dont la meute du Fuorn. Mais c’est jugé insuffisant.

Lors du vote, la proposition d’abattage immédiat de toute la meute a été validée par 73 voix contre 39.

Les autorités grisonnes ont déposé à Berne une demande pour l’abattage de deux tiers de loups nés en 2024, ainsi que l’élimination de deux meutes.

Qu’il s’agisse du loup ou de l’ours, ces décisions seraient impossibles en France. On voit les levées de boucliers que soulève l’application du Plan loup. Quant à l’ours pyrénéen, la population est encore insuffisante pour causer de gros soucis. Mais gageons que, dans tous les cas, la vie d’un ours sera toujours plus précieuse que celle d’un humain.