Une pression modérée mais régulière de pucerons vecteurs des virus de jaunisse
Les premiers pucerons verts ont été observés dès le 11 avril, mais leur développement a été ralenti par les épisodes de froid entrecoupés de pics de chaleur. Ils ont pu être maîtrisés par des interventions aphicides au fur et à mesure de leur renouvellement. Cependant la pression a fortement augmenté à partir de début juin, à une période où leur population décline habituellement. 91 % des sites ont été colonisés par des pucerons, avec 29 % de betteraves touchées en moyenne. 93 % des sites touchés ont atteint au moins le 1er seuil d’intervention et certaines parcelles, notamment en Champagne, ont dépassé 4 fois le seuil du fait du renouvellement régulier des populations de pucerons verts aptères. Les pucerons noirs, quant à eux, se sont développés à partir de fin avril. Ils ont touché 96 % des sites, avec un pic en juin, plus marqué encore que celui des pucerons verts. Ils ont été observés dans 96 % des sites, sur 46 % des betteraves en moyenne. Le bilan complet de la pression jaunisse sera publié dans le BF 1210.
Pierre Houdmon, responsable régional Centre-Val de Loire, Île-de-France Yonne
Les premiers pucerons verts aptères ont été observés le 22 avril, en faible quantité jusqu’au 10 mai, puis maîtrisés par une à deux interventions aphicides. Cependant, entre le 20 mai et le 10 juin, un pic d’intensité exceptionnelle a été constaté, alors qu’en cette période leur population est généralement en régression. Seulement 50 % des parcelles étaient à couverture du sol, ce qui a nécessité le renouvellement des interventions aphicides. Autre fait marquant : la présence régulière de pucerons noirs, du 22 avril au 1er juin sur 30 à 40 % des plantes.
La gravité de la jaunisse est restée plus modérée en Beauce qu’en Île-de-France et dans l’Yonne. Cette différence s’explique principalement par la date de couverture du sol, les foyers étant plus marqués dans les zones de parcelles hydromorphes ou de craie. L’année 2025 met en évidence les progrès à accomplir pour lutter efficacement contre les pucerons vecteurs des virus de jaunisses : mieux positionner les traitements, identifier le stade sensible des betteraves et localiser les réservoirs viraux.
Les ravageurs peu présents cette année
Les thrips n’ont été observés que dans 5,6 % des parcelles, soit trois fois moins que la moyenne pluriannuelle (18 %). Les conditions climatiques défavorables et la croissance rapide des betteraves expliquent cette faible présence. Les dégâts potentiels restent limités et concernent surtout les jeunes plantules de moins de 6 feuilles.
Les altises ont été observées dès début avril, mais les quelques jours de refroidissement du mois ont freiné leur activité. Moins de 10 % des sites touchés ont atteint le seuil d’intervention. Cette pression (32 % de sites touchés) figure parmi les plus faibles enregistrées depuis 2019 : en moyenne 43 % des sites ont été concernés de 2019 à 2024.
Après la pression exceptionnelle de 2024 (33 % de sites avec limaces grises et 16 % avec limaces noires), la pression est revenue à la normale cette année : 6,7 % de sites ont été atteints par des limaces grises et 4,7 % par des limaces noires. Le printemps sec a limité leur développement.
Des pégomyies, présentes mais avec un impact limité
Les pégomyies se sont développées à la faveur du pic de chaleur de la fin avril et début mai. Elles ont atteint 63 % des parcelles ce printemps, mais seules 9 % ont subi des dégâts, contre 13 % en moyenne pluriannuelle. Le premier seuil d’intervention a été franchi dans 19 % des parcelles concernées en deuxième quinzaine de mai puis en juin.
Des collemboles présents dans un tiers des parcelles
Les collemboles aériens ont été observés dans 35 % des parcelles, surtout au mois d’avril, soit deux fois plus que la moyenne pluriannuelle. Cependant, leurs dégâts restent faibles, surtout lorsque les betteraves sont déjà bien développées. Ils peuvent néanmoins être confondus avec des pucerons aptères (noirs ou verts).
Le mildiou, présent malgré des conditions défavorables
Le mildiou a été observé dans 3 % des sites seulement, un niveau très faible par rapport à la pression de l’année dernière (20 % des sites avaient été touchés avec en moyenne 10 % des betteraves atteintes). Le même phénomène avait été observé en 2015 (3 % de sites atteints), après la forte pression de 2014 (23 % de sites touchés, et 6 % des betteraves atteintes).
Peu de dégâts de ravageurs souterrains
Cette année, 8 % de sites ont été touchés par du parasitisme souterrain, notamment 4,6 % par des tipules, 2,7 % par des noctuelles terricoles et 2,6 % par des taupins. Cette pression est inférieure à la moyenne pluriannuelle, et surtout à celle de l’an dernier, où 26 % des sites avaient été atteints (16 % par des atomaires, 11 % par des tipules, 10 % par des noctuelles terricoles et 5 % par des taupins).
La surveillance des parcelles est essentielle pour détecter au plus tôt l’apparition des bioagresseurs et suivre
leur évolution afin de déterminer si une intervention est justifiée. Chaque semaine, plus de 200 parcelles sont suivies du semis à la récolte par les observateurs de la filière. Les données sont collectées dans l’outil Vigicultures, puis validées par les animateurs régionaux de la filière avant d’être synthétisées. Les outils Alerte sont alimentés en temps réel par ces observations.
L’épidémiosurveillance met en évidence la progression de certains ravageurs.
Les cassides ont été observées dans 5,6 % des parcelles cette année, principalement en 2ème quinzaine de juin, contre 2,7 %
en 2024 et 3,9 % en 2023. Ce ravageur provoque des perforations, parfois confondues avec des dégâts
de noctuelles défoliatrices.
Alexandre Métais, responsable régional Normandie – Val d’Oise
La pression du mildiou est difficile à expliquer cette année. Malgré un printemps sec et chaud, la maladie a été observée dans plusieurs secteurs (Seine-Maritime, Eure et Val-d’Oise). La plupart des parcelles présentaient des fréquences inférieures à 5 %, mais certaines ont été fortement touchées (jusqu’à 60 %). Si les conditions climatiques avaient été plus favorables au développement du mildiou, la pression aurait été encore plus élevée, pour la deuxième année consécutive. Par ailleurs, l’évaluation de la maladie a été compliquée par la présence de la jaunisse, qui entraîne des confusions de diagnostic.
Yohan Debeauvais, responsable régional Somme-Oise
Les ravageurs souterrains ont été assez peu présents en 2025 sur le secteur, contrairement à l’an dernier. Ces parasites sont favorisés par un temps froid et très humide, conditions absentes ce printemps. De plus, la qualité de semis et surtout de levée ont permis aux betteraves de croître rapidement,
et donc de limiter les pertes de pieds liées à d’éventuelles attaques. Un sol bien rappuyé, une profondeur de semis appropriée et des levées homogènes et rapides limitent également le développement du parasitisme souterrain.