« La campagne a été très difficile, avec de nombreux aléas, notamment climatiques. Le maïs fait néanmoins la preuve de sa performance, avec des résultats pas trop loin des moyennes de rendement », a indiqué Franck Laborde, le président de l’AGPM, lors d’un point de campagne organisé le 14 octobre. En effet, alors que 37 % des maïs avaient été récoltés au 6 octobre, les premières estimations d’Arvalis tablent sur un rendement de 88,5 q/ha, soit 4 % en deçà de la moyenne 2020-2024 (92,4 q/ha). Le maïs pluvial, à 77 q/ha, tire ces chiffres vers le bas, en raison d’une faible pluviométrie et d’une évapotranspiration très élevée durant l’été.

Les maïsiculteurs ont aussi dû composer avec une pression ravageurs particulièrement forte (vers gris, foreurs, chrysomèle). Un point d’attention est porté sur le MRDV, un virus nanisant transmis par la cicadelle brune. Dernière difficulté évoquée : une gestion des graminées qui devient de plus en plus complexe depuis l’arrêt du s-metolachlore. Le datura continue par ailleurs de gagner du terrain, avec une forte pression dans les régions historiquement touchées, et des inquiétudes quant à son impact sanitaire (présence d’alcaloïdes toxiques pour l’humain).

3,5 Mt equivalent maïs importées via le Mercosur

« Notre priorité est que les producteurs puissent continuer de faire le choix de la plante maïs. Or, aujourd’hui, nous sommes en difficulté pour produire, les impasses se multiplient, les coûts explosent alors que nos concurrents ont des moyens de protection et de production supérieurs aux nôtres », gronde Franck Laborde. A 165 €/t, le prix du maïs connaît son niveau le plus bas depuis 15 ans à euros constants. En cause notamment : une offre très abondante en raison des récoltes records des États-Unis et du Brésil, les deux premiers exportateurs mondiaux. « Nos coûts de production vont rester largement au dessus de 200 €/t en 2026, nous ne voyons pas d’embellie au niveau des prix », indique Franck Laborde.

A contrario, les charges poursuivent leur progression, avec une tension très forte sur le prix des engrais, notamment en raison des taxes sur les engrais russes et la perspective de l’entrée en vigueur du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) le 1er janvier prochain (lire page 5).

Alors que les surfaces ont reculé de 500 000 hectares en 10 ans en France, et que l’Union européenne est désormais le premier importateur de maïs (25 % de ses besoins), l’organisation regrette que la France tarde à demander l’activation de la réserve de crise à l’Union européenne. Franck Laborde rappelle également l’engagement de l’AGPM en faveur d’une révision du prix d’intervention. Il appelle enfin Emmanuel Macron à respecter son engagement de ne pas signer l’accord du Mercosur. En cas de validation, 3,5 Mt de maïs équivalent (grains mais aussi produits dérivés comme les drèches, l’éthanol ou du poulet nourri à base de maïs) pourraient être importées, prévient l’AGPM.