Le projet AGIR a pour objectif de proposer une solution combinant des variétés de betteraves et des plantes de service altérant le comportement alimentaire de Myzus persicae, limitant ainsi la transmission des virus responsables de la jaunisse.
Un screening innovant des variétés
Des variétés de betteraves en cours d’inscription sur lesquelles les pucerons ont un comportement altéré ont été identifiées en conditions de laboratoire grâce à une méthode de vidéo-phénotypage haut-débit. Cette méthode consiste à suivre, en vidéo, le déplacement du puceron Myzus persicae sur des disques foliaires de betteraves pendant plusieurs heures. Au total, une centaine de variétés provenant de différents semenciers a été testée. Plusieurs paramètres ont été enregistrés, comme la proportion de temps passé sur la feuille et le temps d’immobilité. Une classification des variétés selon l’appétence de Myzus persicae pour celles-ci a ainsi pu être établie. Des tests de choix conduits au laboratoire ont ensuite permis d’affiner la classification, et les trois variétés considérées comme moins appétentes ont été retenues pour les essais au champ.
Une première évaluation au champ
Cinq essais ont été conduits cette année, par l’ITB et l’Inrae IGEPP, pour évaluer l’effet des variétés sur les populations de pucerons Myzus persicae. Le dispositif, conduit en microparcelles, a été dédoublé pour voir si l’ajout de l’avoine rude en plante compagne permettait de réduire davantage les populations de pucerons. Ces essais ont été conduits sans protection aphicide. Une variété témoin, désignée comme variété A, a servi de référence. Trois variétés censées être moins appétentes ont été évaluées (désignées B, C et D). La variété D a permis de réduire d’environ 50 %, le nombre de pucerons verts par betterave par rapport à la variété témoin A. L’effet est significatif malgré un faible nombre de pucerons observé dans les essais. En revanche, aucune réduction des populations de pucerons n’a été observée sur les variétés B et C.
L’avoine rude en plante compagne a permis de réduire les populations de pucerons d’environ 40 %. Contrairement à l’attendu, la combinaison des deux leviers n’a pas permis de réduire davantage les populations de pucerons, suggérant que la mobilisation d’un seul de ces deux leviers soit suffisante dans les conditions de cette année.
Et l’année prochaine ?
En 2026, plusieurs perspectives sont envisagées. Au laboratoire, les Composés Organiques Volatils (COVs) et les métabolites secondaires seront extraits des variétés A, B et D. Ces composés jouent un rôle dans le choix de l’hôte pour les pucerons, et pourraient donc expliquer les différences observées dans le comportement alimentaire et la colonisation des pucerons. Des tests de choix seront également reconduits afin de clarifier les mécanismes en jeu. L’année prochaine, de nouveaux essais seront mis en place au champ, en essayant d’inclure la variété D dans une stratégie de protection incluant les aphicides usuels, afin de voir si la variété constitue un levier supplémentaire dans les situations où le risque de jaunisse est le plus élevé.
Projet ANR Ecophyto-Maturation (ANR-23-ECOM-0006), co-financé par l’OFB via la redevance pour pollution diffuse au titre du plan Ecophyto.



