Sous leurs airs de machines immuables, les charrues continuent d’évoluer à petits pas. Véritable couteau suisse, elles deviennent des outils de précision, capables d’ajuster leur profondeur, leur largeur ou leur appui selon le sol, la culture ou la saison.
Le Betteravier français a retenu sept modèles récents, qui reflètent l’esprit actuel : un labour modulable et économe, mais sans compromis sur la qualité du retournement.
Kuhn Master M : travailler le sol à sa juste profondeur
La charrue portée Kuhn Master M s’adresse aux tracteurs de 110 à 240 ch. Selon Kuhn, elle est « simple, intuitive et performante ». Son avant-train oscillant Godrive, chargé d’absorber les mouvements du sol et d’améliorer le report de charge, assure la stabilité de la machine tout en limitant les à-coups et le patinage. Combiné à la roue Work & Roll, qui gère à la fois la profondeur et le transport, il permet de passer du champ à la route sans outil et d’ajuster la profondeur directement depuis la cabine. Selon la culture, le centre de gravité rapproché du tracteur facilite les manœuvres et réduit l’effort de traction.
Chaque corps dispose de son propre accumulateur hydraulique, que Kuhn garantit pour « un suivi de sol optimal ». Les rasettes 3D Skim, réglables « sans outil », facilitent l’enfouissement des résidus et le nettoyage du sillon, tandis que le système Vari-Master M permet d’ajuster hydrauliquement la largeur de travail de 35 à 50 cm. Cela donne la possibilité d’adapter le labour : des raies plus étroites autour des racines ou sur sols fragiles, plus larges pour avancer sur céréales.
Avec la Multi Master M, le passage de la position travail à la position transport se fait rapidement et en toute sécurité. Le rouleau Duoliner, équipé du système Steady Control, améliore le suivi du sol et la régularité du labour. Comme le souligne le constructeur, cette configuration permet « un labour utile et optimisé ».
Maschio Gaspardo Unico M NSH : compacte et renforcée
La dernière génération de la Unico M NSH se distingue par une conception entièrement repensée. Selon Maschio Gaspardo, ce modèle « incarne une avancée majeure en matière de performance, de fiabilité et de confort d’utilisation, répondant aux besoins des agriculteurs ».
La structure a été renforcée : « une amélioration structurelle par rapport à la version précédente pour garantir une structure plus solide et durable ». Le constructeur italien explique également que les composants ont été optimisés pour limiter l’entretien et prolonger la durée de vie de la machine.
Le bras NSH, désormais plus court, offre une hauteur de relevage de 48 cm et une rotation réduite pour un travail plus efficace. La tête d’attelage a été redessinée avec « une géométrie optimisée pour un relevage amélioré, nouveau bras de liaison en H à conception incurvée, garantissant un meilleur dégagement autour du premier corps », d’après Maschio Gaspardo.
Le châssis est renforcé par des plaques de fixation supplémentaires « pour une durabilité accrue », et le support des dispositifs NSH a été repensé pour « une meilleure protection des flexibles hydrauliques et un attelage dégagé », rapporte Maschio Gaspardo. La réduction de la distance entre la tête d’attelage et le premier corps, de 878 mm auparavant à 748 mm, permet une meilleure répartition du poids et améliore la maniabilité.
Kverneland Varilarge : la largeur sous contrôle
La nouvelle génération de charrues à boulon de rupture Kverneland Varilarge a été repensée pour alléger le travail quotidien. Les nouveaux corps, capables de supporter une pression de rupture jusqu’à 5 000 kg, assurent « une qualité de labour constante » tout en simplifiant le remplacement des boulons. Le constructeur précise que
« les boulons de rechange sont astucieusement rangés sur la tête d’attelage ».
Le réglage des rasettes a lui aussi évolué. Les nouvelles rasettes « 3D » permettent de « modifier rapidement la profondeur de travail pour un résultat optimal » et s’adaptent à « tout type de sol, résidus et vitesse ». Grâce à un réglage centralisé, les ajustements se font sans démontage, et la position latérale peut être adaptée pour travailler hors-raie.
Côté maniabilité, le système de roues, disponible en version hydraulique ou mécanique, intègre une position mémoire qui conserve la butée basse de profondeur : « une exclusivité », selon Kverneland. Associé au dispositif de transport pivotant TTS, il rend la charrue plus stable sur route et plus simple à manœuvrer dans les passages étroits.
Le réglage de la largeur du premier corps est indépendant du reste de la charrue grâce au système Varilarge, ce qui « permet des ajustements spécifiques dans des conditions vallonnées ». Avec le système Auto-line, la ligne de traction reste correcte, ce qui évite « les tractions latérales » et contribue à « un labour de qualité avec une consommation de carburant réduite ».
Sur certains modèles, comme la 3500 B i-Plough, l’ensemble des réglages peut être piloté depuis la cabine via Isobus.
Lemken Diamant 18 : + FlecPack = un rappui régulier
La charrue semi-portée Diamant 18 peut désormais être équipée du FlexPack, un rouleau packer intégré qui élargit les possibilités de travail du sol, « y compris en conditions de sol sec et caillouteux », souligne Lemken. Cette version est « la seule charrue monoroue semi-portée sur le marché qui peut être équipée de série d’un packer en version directement porté ».
Le FlexPack fonctionne parallèlement au châssis et assure un rappui régulier du sol après le passage des corps de charrue. En pratique, cela limite l’évaporation et l’érosion du sol, tout en préparant un lit de semences homogène pour le semis qui suit. Il peut être ajusté par pression hydraulique ou simplement par son poids, s’adaptant ainsi aux sols lourds ou plus légers. Comme le souligne le constructeur, il offre « un rappui régulier pour chaque largeur de travail, sans chevauchements ni zones non travaillées ».
La combinaison Diamant 18 + FlexPack simplifie le travail sur le terrain. Il n’est pas nécessaire d’atteler ou de dételer le packer ou de le transporter séparément.
Du point de vue technique, la roue porteuse a été déplacée derrière le châssis principal pour abaisser le centre de gravité, réduire les forces de rotation et garantir une grande stabilité au pivotement en tournière. Même en terrain accidenté, le dernier corps de la charrue « maintient de manière fiable la profondeur de travail définie. »
La sécurité n’est pas oubliée : le système non-stop OptiStone permet aux corps de charrue de se dégager en présence de pierres. Lemken précise que chaque paire d’anneaux est attachée à des ressorts, permettant de s’escamoter automatiquement et de revenir en position normale après l’obstacle.
Grégoire Besson Voyager C80 : le poids lourd en mouvement
La Voyager C80, charrue semi-portée chariot, cible les exploitations de grande taille. Selon le constructeur, elle a été conçue pour « offrir plus de performance, de confort et de polyvalence, que ce soit pour le travail dans la raie ou hors raie ».
Elle s’adapte aux tracteurs de 280 à 700 chevaux, et sa largeur de travail est variable, de 12 à 22 pouces, réglable hydrauliquement ou manuellement. La machine peut être configurée avec 8 à 14 corps, ou 8 à 12 avec les rouleaux Andpak, qui permettent « un rappui optimal du sol et un flux de terre fluide, réduisant les risques d’érosion et améliorant le lit de semences ». Selon Grégoire Besson, cette largeur variable assure « un dégagement important pour un flux de terre fluide et un labour homogène, même dans les conditions les plus complexes ».
Le système de traction et les tendilles déportées réduisent l’effort de traction, une meilleure stabilité et une consommation de carburant optimisée. Les pièces travaillantes issues de la gamme actuelle garantissent « une grande fiabilité et une qualité de retournement reconnue », souligne le constructeur français.
La Voyager C80 est équipée d’un système de retournement pignon-crémaillère et d’une assistance hydraulique sur le chariot, qui promet de faciliter les demi-tours et d’absorber les à-coups. Grégoire Besson indique que le conducteur bénéficie ainsi d’une transition plus douce entre travail et retournement, tout en limitant les contraintes sur le tracteur. Le système de report de charge et les roues de grand diamètre permettent d’optimiser la répartition du poids et l’adhérence, notamment dans les sols lourds ou irréguliers.
Pöttinger Servo : la précision au service du labour
Chez Pöttinger, la gamme Servo se distingue par le soin apporté aux réglages. Selon le constructeur, « l’élément qui change vraiment l’usage au quotidien, c’est le réglage de la largeur de travail du premier corps, via le système Servomatic ». Ce réglage qui se veut simple, mécanique ou hydraulique selon la configuration, permet de « garder une charrue stable, sans dérive latérale, même en conditions lourdes », souligne Pöttinger.
Le réglage Plus permet de « modifier hydrauliquement la largeur de coupe » pendant le travail. On peut ainsi élargir la raie sur sols francs, puis la resserrer lorsque la structure devient collante ou chargée en résidus, ce qui « permet de conserver un émiettement régulier et de limiter les zones qui croûtent ou se resserrent trop vite », selon le spécialiste. Cette souplesse prend tout son sens dans les parcelles où la texture du sol varie parfois d’un bout à l’autre.
La charrue est équipée de la « sécurité Nonstop hydraulique », qui permet d’absorber les chocs « lorsqu’on rencontre une pierre, sans arrêt ni risque de casse ». Ce système limite les interruptions sur le chantier et protège la machine. La version hors-raie offre la possibilité de travailler avec des pneus larges ou des tracteurs à chenilles tout en « ne tassant pas le fond du sillon », ce qui contribue à maintenir une répartition de charge stable et un labour régulier.
Toutes ces options sont disponibles sur l’ensemble des charrues portées de la gamme Servo, des modèles légers jusqu’aux configurations plus larges.
Demblon et les charrues mixtes : optimiser le travail du sol
Demblon, constructeur français de charrues labellisé EPV, continue d’adapter ses matériels aux besoins des agriculteurs. Comme ils le soulignent eux-mêmes, « l’usage de la charrue mixte prend part dans l’évolution des pratiques culturales. »
L’idée est simple : ne pas labourer plus profondément que nécessaire. Mais pour que cela fonctionne, il faut soigner les réglages. Les charrues mixtes Demblon promettent « de maîtriser l’enherbement et les maladies, facilitant le passage d’outils de désherbage mécanique et leur efficacité ». Concrètement, il est possible de « détruire mécaniquement une luzerne persistante ou de préparer des mulchs en enfouissant des couverts végétaux, le tout sans recours aux produits chimiques » souligne le constructeur. « Il faut aussi rappeler que cette polyvalence vient également des angles de travail, propres aux charrues mixtes Demblon ». En agissant sur ces angles, l’utilisateur peut choisir entre deux types de labour : un travail classique en profondeur ou un labour mixte plus superficiel.
Le concept de la charrue mixte se décline désormais sur l’ensemble de la gamme, « on y retrouve des charrues portées, poussées et semi-portées. On y décline 4 modèles de sécurité : TC, TB, TX et T 275 NSH », explique la marque. La gamme de charrues poussées permet d’optimiser et de valoriser la puissance du tracteur. Les deux gammes de charrues semi-portées (monoroue et chariot) permettent d’accroître le débit de chantier tout en préservant la qualité du rendu de labour.
En pratique, ces machines « permettent d’ajuster la profondeur de travail selon le type de sol, l’état de la culture précédente et les objectifs agronomiques, tout en limitant le stress mécanique sur le tracteur et le sol ».
Teres 200 : la charrue réversible portée d’Amazone
La société Amazone étoffe sa gamme avec la Teres 200, une charrue portée réversible disponible en 4 ou 5 corps, conçue pour les tracteurs jusqu’à 200 chevaux.
L’un des atouts majeurs de cette charrue réside dans son corps breveté SpeedBlade.
Le constructeur explique que l’étrave extra-large permet de préserver le versoir du point d’usure principal, même à haute vitesse, garantissant une plus grande longévité de ses pièces.
Amazone a misé sur l’ergonomie avec une largeur de travail ajustable hydrauliquement depuis la cabine. Le chauffeur peut modifier facilement la largeur de travail de 30 cm à 50 cm (pour la version 90 cm d’entre-corps), ou de 33 cm à 55 cm (pour la version 100 cm d’entre-corps). Le système AutoAdapt assure un réglage automatique du déport du premier corps en fonction de la longueur choisie, qui améliore la qualité du labour tout en réduisant la consommation de carburant selon le fabricant.
Aussi, la profondeur de travail peut être réglée mécaniquement ou hydrauliquement via différentes options de roues de jauge (simple ou combinées). « En version latérale, la roue de jauge est recouverte par le dernier corps, permettant ainsi une finition parfaite des bordures de parcelles », affirme Amazone. La gamme des charrues Teres s’étend également aux séries 300, 300 S et 300 V, disponibles de 4 à 6 corps, pour les grandes parcelles.



