Décidément, le sucre est bien volatil ! Pas facile, pour l’heure, de connaître la position des spéculateurs, du fait de l’absence de statistiques récentes, mais il est certain qu’ils doivent s’en donner à cœur joie. La dernière information fiable, sur ce point, date d’il y a un mois : ils étaient alors nets-vendeurs de plus de 8,6 Mt.
Une étonnante unanimité pour une position extrême… Et cela interpelle d’autant plus que les anticipations de bilans mondiaux sont peu clairs. Lors de la réunion annuelle des planteurs de betteraves et de canne à sucre (la WABCG), le 1er décembre dernier, l’Organisation internationale du sucre (ISO) a présenté ses dernières estimations. La campagne qui se termine (2024-2025) aurait ainsi été déficitaire de -2,9 Mt, et la prochaine serait excédentaire d’environ +1,6 Mt. C’est insuffisant face à des stocks historiquement bas et fragiles : l’estimation se base sur une hausse de la consommation mondiale de 0,5 %, une progression exceptionnellement faible d’autant plus étonnante que le sucre est bon marché !
Du reste, dès le lendemain, lors d’une réunion organisée par cette même structure (l’ISO), c’est un autre son de cloche qui est venu du côté de l’analyste brésilien Datagro. Ce dernier, très écouté, estime que l’excédent mondial ne devrait pas dépasser +1,0 Mt, car le Centre Sud brésilien devrait, selon lui, avoir un niveau de production de sucre étal par rapport à la dernière campagne, autour de 40,8 Mt. En effet, le débouché éthanol sera mis une fois de plus à contribution : l’origine maïs, pourtant record (on frôlerait les 25 % cette année, selon l’ISO), n’empêchera pas une demande du carburant en provenance de la canne, boosté par les consommateurs.
Bref, le marché semble naviguer un peu à vue, et pourrait bien continuer à le faire d’ici l’ouverture prochaine de la campagne brésilienne, au printemps prochain.
Du côté européen, la Commission a dévoilé les prix du sucre livré sur le mois d’octobre, soit le premier mois de la campagne en cours. Et, bonne nouvelle, ils sont au même niveau que le mois passé (524 €/t) alors que le cours du sucre spot commençait déjà à dévisser… Preuve, s’il en fallait, que les valeurs du spot restent souvent des valeurs théoriques, et sans grand volume. Espérons que cela dure !





