« Les cotations argentines ont chuté de 7 $ la tonne en raison d’une récolte record attendue. Elles sont les plus basses au monde, relate dans son dernier rapport l’USDA, l’institut américain de statistiques. Les cotations russes ont baissé de 5 $/tonne sous l’effet des tensions sur l’offre mondiale ».

Aussi, le blé français et européen est en concurrence avec ces origines très bon marché. Et le prix de la tonne de grains, qui plafonne depuis près d’un mois autour de 180 € à Rouen, n’est pas près de décoller au regard des dernières estimations émanant des différents bassins de production.

Dans son dernier rapport du 10 décembre dernier, l’USDA les a synthétisées en relevant de 9 millions de tonnes (Mt) les récoltes de cinq pays exportateurs majeurs de céréales : trois dans l’hémisphère nord (Union européenne, Canada, Russie) et deux dans l’hémisphère sud (Argentine, Australie) où les prévisions sont ajustées au fil de l’avancée des moissons.

Ces cinq pays engrangeraient cette campagne-ci 410 Mt de blé, soit 41 Mt de plus qu’en 2024-2025. En conséquence, ce ne sont pas 828 Mt de grains qui seraient ainsi produites dans le monde d’ici la fin de l’été austral, mais 838 Mt.

Pour autant, l’export reste inchangé : les prévisions pour 2025-2026 portent toujours sur 218 Mt de blé échangées dans le monde.

Autrement dit, une partie des 10 Mt de blé, qui n’avaient pas encore été jusque là inventoriées, accroîtra les stocks de report de fin de campagne des pays producteurs et alourdira le début de leur commercialisation lors de la prochaine campagne.

Production mondiale de maïs à la baisse

A contrario, l’USDA a ajusté dans son dernier rapport la production mondiale de maïs (1 282 Mt) à la baisse (- 3 Mt), après avoir pris en compte la dégradation des conditions de récolte de la céréale en Ukraine et les pertes de grains du même ordre de grandeur qu’elle induit. Sa production est dorénavant estimée à 29 Mt (- 3 Mt) mais le disponible exportable reste inchangé à 23 Mt. Le rendement moyen (6,80 t/ha contre 7,27 t/ha annoncé le mois passé) masque d’importantes diversités entre régions (3 à 12 t/ha).

Mais ce début de mois de décembre, il ne neige toujours pas en Ukraine occidentale. Les sols sont détrempés. Après un été sec et caniculaire se sont succédé d’intenses précipitations automnales.

À l’échelle du pays, près d’un quart des champs de maïs n’est toujours pas récolté. Et dans la région d’Uman, où la proportion est de 50 %, les agriculteurs attendent désespérément la rigueur de l’hiver et ses températures négatives pour que le sol gèle en profondeur. La moisson pourra alors s’achever car les parcelles seront de nouveau praticables.

Mais des frais de séchage trop élevés pourraient dissuader les agriculteurs de récolter leur céréale.

Actuellement, la tonne de maïs est payée 200 dollars (172 €) sortie ferme, si le taux d’humidité est de 18-20 %. Mais si ce dernier est compris entre 24 % et 26 %, la tonne de grains ne vaut plus que 130 $ dans la région d’Uman.

Cette fin de récolte très tardive a au moins un intérêt : celui de limiter l’engorgement du transport des grains par camion et par train, depuis les fermes et les organismes de stockage vers les ports d’embarquement.

L’Ukraine manque de chauffeurs. L’armée en a mobilisé un grand nombre. Et les infrastructures ferroviaires sont régulièrement bombardées. Mais le pays n’échappera pas à de nouvelles tensions logistiques lorsque les moissons reprendront.

En fait, la récolte ukrainienne de maïs vire au cauchemar dans l’indifférence des marchés de l’export, largement dominés par les États-Unis. Ces derniers prévoient d’exporter en 2025-2026, 81,3 Mt de maïs (le double de la campagne 2022-2023) sur les 198 Mt qui seront échangées dans le monde,

Selon l’USDA, les États-Unis ont déjà commercé plus de 19 Mt depuis le mois de septembre car la campagne d’exportation de leurs concurrents directs n’a pas réellement commencé.