Les céréaliers français commencent à cerner le début de la prochaine campagne de commercialisation des céréales à paille. Les cours du blé connaissent une petite embellie depuis le début du mois de juillet mais l’euro a entretemps gagné 6 centimes par rapport au dollar. Et surtout, les opérateurs ne vont pas profiter des opportunités commerciales qui se présenteront à eux, alors que la demande mondiale de blé croît. En effet, la récolte française de blé (31,5 Mt) est l’une des plus faibles depuis le début du siècle et de qualité médiocre. Or l’offre mondiale bat un nouveau record : toutes céréales confondues, 2 228 Mt de céréales seront produites (+58 Mt sur un an) dont 769 Mt de blé.

Pour autant, les organismes statistiques des principaux pays exportateurs de grains n’ont pas manqué d’affiner et de communiquer leurs prévisions au fil de l’avancée des récoltes. Aux États-Unis, l’USDA a pris en compte ces informations dans son dernier rapport, paru le 10 juillet. La production mondiale de blé est dorénavant estimée à 769 Mt alors que, en juin, l’organisme américain tablait sur 773 Mt.

Les résultats de l’enquête de terrain publiée par l’USDA ont montré que la surface de blé semée aux États-Unis (14,84 millions d’hectares) est plus faible que prévu (15,24 Mha). Aussi 49,6 Mt de blé seraient récoltées et pas 51 Mt comme le prévoyait encore l’organisme en juin.

En Russie, la production de blé d’hiver est estimée à 56 Mt (-1 Mt sur un mois) et la météo des deux prochains mois peut encore avoir un impact sur les productions de blé de printemps (20,5 Mt estimées le 10 juillet 2020).
En Europe, la récolte attendue n’est pas seulement inférieure à celle de l’an passé en France mais aussi en Allemagne, en Roumanie et en Bulgarie notamment. Dans les vingt-sept États membres, la production de blé serait de 117 Mt, selon la Commission européenne. Dans ces conditions, l’Union ne pourrait exporter que 28 Mt de blé vers les pays tiers.

Un quart des expéditions européennes seraient françaises. En ne pouvant exporter que 14,45 Mt dans l’Union européenne (7 Mt) et vers les pays tiers (7,75 Mt), la France devra renoncer à vendre autant de blé que la campagne précédente. La Chine, troisième client en 2019-2020, avait acheté environ 1,5 Mt, et l’Égypte 1 Mt.

Coûts de production non couverts

Mais si les prix des céréales ont gagné 15 € depuis le 29 juin, les prix actuels, auxquels seront alors payés les céréaliers, ne couvriront pas les coûts de production. D’après le rapport de l’Observatoire des prix et des marges, ils pourraient être compris entre ceux de 2016 (247 €/t pour un rendement de 6,2 t/ha) et ceux constatés en 2018 (205 €/t pour un rendement de 7,7 t/ha).

La campagne commerciale d’orges 2020-2021 présente quelques similitudes. Sur les 12,3 Mt (-1,4 Mt sur un an), 6,35 Mt seraient vendues à nos voisins européens (3,2 Mt) et hors de l’Union (3,15 Mt). Les ventes baisseraient ainsi de près d’1,5 Mt. Or durant la précédente campagne, la France avait livré plus de 3 Mt à la Chine, au Maroc et à l’Arabie saoudite.

L’abondante production de maïs espérée à la fin de l’été consolera en partie les céréaliers qui en cultivent. Mais il reste à savoir à quels prix leur récolte sera valorisée puisque la planète en produira jusqu’à 1 163 Mt, selon l’USDA.

Durant la semaine du 30 et 6 juillet, les conditions de culture « bonnes et très bonnes » sont stables à 83 % (78 % en 2019) en France, selon FranceAgriMer. Les cultures sont plus précoces que l’an passé.

L’Union européenne à vingt-sept en récolterait 71,9 Mt, selon la Commission européenne (68 Mt selon l’USDA). Mais l’USDA n’a pas manqué d’ajuster ses prévisions de production mondiale et étasunienne de maïs après avoir constaté que 34,4 Mha et non pas 36,26 Mha ont été semés. Aussi la récolte américaine de maïs serait de 386 Mt de grains et pas des 406 Mt encore estimés en juin dernier.